jeudi 19 mars 2009

Le diversomètre contre la République

Lettre publiée à l'initiative de "Ni putes ni soumises", avec le soutien d’ElisabethBADINTER philosophe,, etc...

Le sentiment d’appartenance à une communauté voilà le nouveau «diversomètre» lancé par monsieur Sabeg, commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, pour lutter contre les discriminations ! Monsieur Sabeg, quel est votre «sentiment d’appartenance» ? Fils d’immigré ? Français ? Arabe ? Musulman ? Ou encore : chef d’entreprise ? Homme politique ?

Et ma voisine Sahra de mère française et de père algérien, brunette typée pourrait-on dire, qui n’a jamais connu le bled, qui porte un nom et un prénom qui l’enferment dans ce «diversomètre» mais ne se «sent» que française ? Pourtant le racisme, elle l’a connu et la discrimination a l’embauche aussi.

Cela fait trente ans qu’on essaie de sortir de ces cases ethniques et communautaires dans lesquelles on nous enferme de la même manière qu’on nous a enfermées dans nos ghettos. Alors que, femmes des quartiers, nous nous sommes insurgées contre le communautarisme qui n’a fait que dégrader la condition des femmes au sein des communautés. La République est porteuse de valeurs, de liberté, d’égalité et de laïcité. Pour les préserver, des générations entières se sont battues comme nous qui marchions en 1983 pour l’égalité et contre le racisme. Et aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, on nous demande notre «sentiment d’appartenance communautaire» ? Il n’y a pas de France blanche, noire, italienne, polonaise, arabe, portugaise, espagnole, pakistanaise. Il n’y pas non plus de communautés, mais une République métissée. Il y a une France qui porte en elle une diversité intrinsèque, inexorable, presque originelle. N’avoir aujourd’hui une vision des problèmes sociaux que par le seul prisme racial, voire religieux, est une erreur fatale. C’est implicitement considérer que les citoyens ne sont que ce qu’ils paraissent être. Faudra-t-il, en fonction de votre «diversomètre», discriminer les uns plutôt que les autres ? Disons le clairement, le racisme et les discriminations sont indignes de notre République. Vouloir remplacer les statistiques ethniques par un comptage du prétendu «sentiment d’appartenance» à une communauté est tout aussi absurde que dangereux.

Il ne faut pas se leurrer au bout du compte, ce sont les quotas que l’on va nous proposer. Nous les militantes de terrain, jamais nous n’accepterons de faire la différence entre Malika et Christine. Les indicateurs sociaux nous les avons. La réalité malheureuse saute aux yeux. Il suffit de nous pencher sur le taux de chômage dans les quartiers, le nombre de RMIstes… pour savoir que nos discriminations ne sont pas qu’un «sentiment».

Ce dont nous avons besoin, c’est de donner plus à ceux qui ont moins, tout en leur permettant d’être des citoyens à part entière ! Plus que jamais il nous faut réaffirmer notre idéal de société, une société où tous, avec nos différences, partageons des valeurs communes, et où s’instaure une égalité réelle, ni discriminée ni artificielle.

Le social et l’égalité sont une affaire de justice et de volonté politique, pas une affaire de chance !


mardi 10 mars 2009

Hommage à Bruno ETIENNE, l'homme qui donne ses lettres de noblesse à "l'Islam de France".

Un des principaux intellectuels à déconstruire le choc des civilisations selon moi. Admirateur de l'Emir Abd-el Khader, Bruno Etienne est un homme accompli, pluridisciplinaire, humaniste, empêcheur de tourner en rond, mystique, homme de terrain. Sa démarche bouscule les peurs et ignorances actuelles. Elle appréhende l'Autre sans concession ni manichéisme(L'islamisme radical, 1987). Son humanisme est une lumière pour le rapprochement des rives de la Méditerranée. Ce qui en fait un résistant à la médiocrité de nos Sociétés, nos obscurantismes actuels.

Le professeur Bruno Etienne, pionnier de la recherche pluridisciplinaire sur le phénomène religieux et plus particulièrement sur la dimension politique dans l’espace euro méditerranéen, est décédé hier à l’âge de 71 ans. Il était rattaché à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, sa ville natale.

Bruno Etienne est l'un des premiers vulgarisateurs de la formule "Islam de France", soulignant le processus de "nationalisation" de la religion musulmane dans l'Hexagone. Il contribue à remettre en cause le cliché d'une religion étrangère et importée, montrant sa proximité et ses affinités avec l'histoire de France. Ses travaux convergent vers la même idée : l'islam est devenu une religion "française" et la France sera probablement appelée à être une terre de réforme musulmane.

Il insistait, par ailleurs, sur le fait que l'islam n'était qu'une des dimensions de la vie des musulmans en France. Devant ses élèves, il répétait cette phrase : "Quand on fait des enquêtes sur les musulmans de France, on en trouve davantage au PMU qu'à la mosquée !" Comme le souligne Franck Fregosi, "il n'a cessé d'affirmer l'inexistence d'une communauté musulmane entendue comme un ensemble monolithique d'individus ayant les mêmes pratiques, défendant les mêmes intérêts et mus par le souci de l'unité communautaire".

«C’est aux jeunes filles voilées que l’on doit donner les palmes académiques et non au ministre qui les a exclues!», aimait-il répéter.

«C’est un des premiers à avoir envisagé d’étudier le religieux en sciences politiques comme tel, et à avoir compris que l’islamisme radical était un produit de l’Occident, un mouvement moderne et pas le cheminement normal de la tradition islamique», rapporte Raphaël Liogier, professeur à l’IEP d’Aix

De même, il critiqua à plusieurs reprises les «dérives» de la politique étrangère de la France, notamment lors de la première guerre du Golfe (1990-1991) qui, selon lui, ignorait la complexité du monde arabe (cf. son livre: Ils ont rasé la Mésopotamie: du droit de coloniser au devoir d’ingérence, Paris, Eshel, (2000)

Au fond, ce protestant de culture, 4e dan de karaté Shito-ryu, autant attiré par le bouddhisme que par l'islam, n'aimait rien tant que l'éclectisme. C'était sa manière à lui de chérir l'humanité. Quelques mois avant sa mort, il déclarait au quotidien La Provence : "J'ai une certaine sympathie pour la connerie des hommes, leur volonté de défendre leur peau. Tout ce que l'humanité produit, même de mauvais, m'intéresse."

lire un texte disponible sur internet (publié par Actes Sud):
Islam et Liberté: une salutaire complexité.

Bruno Etienne lors de l'inauguration de la Place Emir Abd el Khader à Paris en 2006:

L’Emir Abdelkader, « un pont entre l’Orient et l’Occident et dont la guidance est plus pertinente que jamais », a relevé l’universitaire Bruno Etienne. « Un précurseur du dialogue interreligieux. Au plus fort des guerres de conquête, il établit un statut des prisonniers, cent ans avant la Convention des droits de l’homme de Genève. » Et à Damas, l’Emir organisait la protection des minorités, sauvant en 1860 plus de 12 000 chrétiens, considérant qu’il y a « une loi au-dessus des lois : la loi de l’humanité tout entière ». Et Bruno Etienne d’ajouter : « Tous ceux qui invoquent l’incompatibilité de l’Islam avec les droits de l’homme sont au mieux des ignorants », rappelant ces paroles d’Abdelkader : « Si les chrétiens et les musulmans pouvaient m’écouter, je cesserais leurs querelles. Je ferai d’eux des frères à l’intérieur et à l’extérieur. » Bruno Etienne de commenter : « En opposant l’Orient à l’Occident, l’humanité s’égare "et" c’est la méconnaissance de l’autre qui est la cause des fantasmes et des préjugés. »

Propops recueillis par Nadjia Bouzeghrane, El Watan, le 18 novembre 2006.


Réussir sa vie...No Comment!

Jacques Séguela'"grand" publicitaire ex-socialiste et néo-sarkozyste, sur France 2, le 13 Fevrier dans Télématin:
"Un homme qui n'a pas de Rolex à 50 ans est un homme raté".

Citation à mettre en echo avec le leitmotiv du président Sarkozy:
"je veux réconcilier la France avec l'argent parce que l'argent c'est la résussite."

lundi 9 mars 2009

SARKOZY et les Médiateurs...

La cote d'amour de notre président étant au plus bas, je propose qu'on lui inflige un médiateur...
(TELERAMA, 25 Fevrer 2000)