lundi 30 novembre 2009

L'identité selon LEVINAS

S'interroger sur une identité, c'est déjà l'avoir perdue!

De la Conquète de l'Ouest

« L’Indien a été considéré comme moins qu’humain et seulement digne d’être exterminé. Oui, nous avons abattu des hommes, des femmes et des enfants sans défense dans des endroits comme Camp Grant, Sand Creek et Wounded Knee. Oui, nous avons nourri de strychnine des guerriers rouges. Oui, nous avons laissé des villages entiers de gens nus grelotter dans le froid glacial des hivers du Montana. Et oui, nous avons confiné des milliers dans ce qui équivaut à des camps de concentration. » Wellman, Les guerres indiennes de l’Ouest, 1934

Méditation du rabbin Daniel Farhi

Je crois que Dieu a créé l’homme à Son image et à Sa ressemblance.
Je crois que tout homme porte en lui cette image et cette ressemblance,
même si les autres ne la lui reconnaissent pas, même s’il n’en est pas conscient.
Je crois que tout homme doit être respecté pour cette part de divinité en lui.
Je crois que tout homme qui croit cela ne peut agir qu’avec droiture.
Je crois que tout homme qui agit avec droiture doit être respecté.
Je crois que la violence est l’arme de ceux qu’inquiète la confrontation des idées,
ceux qui n’ont pas assez confiance dans leurs idées, parce qu’elles sont mauvaises.
Je crois que tous les hommes qui cherchent Dieu et appliquent Ses lois morales méritent le respect, quelles que soient leur religion ou leurs options au sein de cette religion.
Je crois que le fanatisme et l’intolérance proviennent des hommes qui croient pouvoir s’approprier et monopoliser la parole de Dieu.
Je crois que les fanatiques ne méritent pas le nom d’enfants de Dieu, même s’ils disent œuvrer pour Lui. Ils sont les enfants de la rigidité, de l’exaltation et de l’aveuglement.
Je crois que toutes les religions ont leurs fanatiques qui dénaturent leur message et, parfois, les amènent à faire du mal aux hommes.
Je crois que parce que les religions puisent leurs racines dans les temps anciens, elles doivent régulièrement s’interroger sur l’évolution du monde et éviter de s’installer dans des positions dogmatiques ou sectaires.
Je crois que tout homme doit se montrer digne de cet héritage divin en lui.
Je crois que Dieu parle aux hommes de tous les temps pour peu que ceux-ci soient prêts à L’écouter.
Je crois que cette parole fertilise et féconde les cœurs et les âmes. Ceux qui se dressent contre elle pour l’empêcher de parvenir au monde sont les ennemis du genre humain.
Je crois que ceux qui ont recours à la force ou à l’intimidation pour empêcher les hommes d’écouter et de répandre la parole de Dieu, n’empêcheront rien. Ils ne feront qu’attiser la foi et le désir d’encore plus écouter et de mieux enseigner.
Je crois que les fanatismes trouvent leur terreau dans l’ignorance, la peur, la xénophobie.
Je crois que le contraire de l’amour n’étant pas la haine, mais l’indifférence, il faut fraterniser d’urgence avec ceux qui ne savent pas que la fraternité peut s’étendre au-delà du clan.
Je crois que ceux qui reconnaissent que « Dieu est grand » devraient savoir que cette affirmation n’est pas un cri de guerre mais une croyance que partagent Juifs, Chrétiens et Musulmans. Et qu’elle se décline en hébreu et en latin tout autant qu’en arabe.
Je crois que les responsables de toutes les religions devraient s’abstenir de politiser leur discours afin de ne pas induire leurs fidèles à des luttes fratricides.
Je crois que le modèle de l’Andalousie du Moyen-Âge, où les théologiens des trois religions abrahamiques dialoguaient sans haine, devrait être rappelé à la mémoire défaillante de certains contemporains.
Je crois que, par-delà toutes les constructions théologiques, dogmatiques et idéologiques, les hommes sont enfants d’un même Dieu, du Juge et Créateur de l’univers.
Je crois que les religions ne sont que l’apparence du vrai culte : celui du cœur.
Je crois que les hommes qui brandissent leurs particularismes religieux comme une bannière triomphante n’ont rien compris à la volonté de Dieu d’être servi dans la simplicité et l’unité du genre humain.
Je crois que ceux qui s’en prennent aux religieux ou qui attentent aux lieux de culte commettent un péché très grave, et pire encore, détournent le dessein du Très-Haut.
Je crois que le monde tout entier est une prière.
Je crois que le travail de l’homme, et l’amour de l’homme, et l’amitié, et la fraternité sont prière.
Je crois que la joie et les pleurs, le sourire d’un enfant et les larmes du malheureux sont prière.
Je crois que la marche difficile du handicapé et les tâtonnements de l’aveugle sont prière.
Je crois que le silence dans lequel est enfermé le sourd est prière.
Et je crois que Dieu, qui contemple ce monde qui se débat dans ses contradictions, qui s’efforce sur le chemin de la vérité, qui s’affronte, se confronte, se cherche, se repousse, s’exaspère, s’espère, se renie, se retrouve, je crois que Dieu est prière. Prière éperdue pour Ses créatures, prière d’amour, de compassion.
Je crois que l’homme est tout entier fraternité et espoir

Méditation du rabbin Daniel Farhi (Mouvement Juif Libéral de France)

Les USA protègent-ils Ben Laden?

Un rapport du Sénat US qui sort ce matin dont des extraits sont publié dans le NY Times accable l'administration Bush quand en déc 2001 les troupes ont demandé du renfort qu'a refusé la maison blanche, au moment où ceux ci avaient logé ben Laden. Il s'est echappé, et on en paie encore les conséquences:
"“Removing the Al Qaeda leader from the battlefield eight years ago would not have eliminated the worldwide extremist threat,” the committee’s report concludes. “But the decisions that opened the door for his escape to Pakistan allowed bin Laden to emerge as a potent symbolic figure who continues to attract a steady flow of money and inspire fanatics worldwide.”
On savait deja que les forces spéciales francaises du COS avaient ciblé le chef terroriste et que le commandement de l'Afpac a laissé ben laden se sauver par 2 fois!!!

Le rapporteur John Kerry n'est pas tendre dans son introduction:

"DEAR COLLEAGUE: This report by the Committee majority staff is part of our continuing examination of the conflict in Afghanistan. When we went to war less than a month after the attacks of September 11, the objective was to destroy Al Qaeda and kill or capture its leader, Osama bin Laden, and other senior figures in the terrorist group and the Taliban, which had hosted them. Today, more than eight years later, we find ourselves fighting an increas-
ingly lethal insurgency in Afghanistan and neighboring Pakistan that is led by many of those same extremists. Our inability to finish the job in late 2001 has contributed to a conflict today that endangers not just our troops and those of our allies, but the stability of a volatile and vital region. This report relies on new and existing information to explore the consequences of the failure to eliminate bin Laden and other extremist leaders in the hope that we can
learn from the mistakes of the past."

Je ne comprend décidément pas cette administration Bush.
Besoin de boucs émissaires pour légitimer une présence constante sur le temps... mais à quelles fins alors?
Au nom des victimes passées et peut-etre futures cette position n'est pas acceptable moralement ni même militairement ou politiquemet de la part de nos nations et nos responsables.

En apparté, ce week-end, j'ai entendu l'infatigable lutteur anti-terrorise et anti-islamiste Mohamed Sifaoui (lsur a chaine du Sénat) nous dire qu'il comprenait pourquoi la Maison blanche préferait le voir en liberté:
" il est plus rassurant de garder ben laden , car c est un énemi que l'on connait tres bien. Si on le tue, il sera remplacé par un inconnu dont on ne saurait rien".
La citation n'est pas au mot près,désolé, mais c'est l'idée.
J'en suis tombé des nues!
Alors, comme ça, pourquoi arreter les terroristes du monde? tant qu 'on les connait!!
Je lui ai proposé sur sa page un droit de réponse.

samedi 28 novembre 2009

Non à la croisade anti-Minarets

Le Douanier - Fernand Raynaud



Hop là ! Vous avez vos papiers ? Qu'est-ce que ce travail ?

Encore un étranger. Ils viennent manger le pain des Français. Je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Ah non. Je n'aime pas les étrangers. Je répète, ils viennent manger le pain des Français.

Parce que, moi, je suis Français ! Et je suis fier d'être Français !

Mon nom à moi, je m'appelle Kulakstienski du côté de ma mère ; et Piazzano Banditti, du côté d'un copain à mon père.

Je n'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.

Dans le village où j'habite, on a un étranger. Quand on le voit passer, on dit, on dit, tiens, ça, là, ça - c'est l'étranger. Comme un objet. On n'a pas de respect. Comme on a du respect pour un être humain, on ne dit pas ça, là, non. On dirait - ce monsieur.

Quand sa femme passe, l'étrangère, baissant la tête, on dit Celle-ci, c'est l'étrangère. Ils viennent manger le pain des Français.

L'autre dimanche, à la messe de dix heures, j'avais été communié au café d'en face. L'étranger voulait me parler. Moi j'avais autres choses à faire, j'avais mon [ tiercé ] à faire, enfin... je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Enfin, du haut de mon grandeur, étant fonctionnaire, j'ai daigné l'écouter, cet imbécile. Il est étranger, forcément. Il m'a dit : Mais pensez-vous pas que vous êtes ridicule, à notre époque, de ne pas aimer les étrangers ? Réfléchissez, quand un chirurgien du Cap va opérer un coeur humain, que ça soit à Pékin, Stockholm, Moscou ou Washington , ils se prennent de la même manière - nous sommes tous égaux.

Je n'ai rien compris à ce qu'il voulait dire !. J'en ai conclu qu'il était bête. En effet, lorsque quelqu'un s'exprime, et que l'on ne comprend pas ce qu'il dit, c'est qu'il est bête. Et moi je ne peux pas être bête. Je suis douanier...
J'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.

Il m'a répondu : J'en ai ras-le-bol, moi. Votre pain, et votre France. Je m'en vais.

Il fout le camp. Il a pris sa femme, ses enfants, sa valise, il est monté sur un bateau, il est parti loin au-delà de la mer.

Et depuis ce jour-là, dans notre village, nous ne mangeons plus de pain. Il était boulanger !

Israël contre Obama, par Caroline Fourest

(...)Force est de constater qu'aujourd'hui, sans doute plus qu'hier, le gouvernement israélien porte la responsabilité du blocage. En s'obstinant à rater l'échéance, les jusqu'au-boutistes de la cause israélienne ont renforcé les jusqu'au-boutistes de la cause palestinienne : les Frères musulmans du Hamas. Les fanatiques de chaque côté ont dévoré la raison - fragile - de cette région
(...)Hélas, il y a bien longtemps que l'accumulation des monnaies d'échange côté israélien ressemble à une fuite en avant suicidaire.
A force d'utiliser les colonies comme boucliers humains, Israël entretient un fanatisme qui n'est pas le moindre de ses ennemis "intérieurs". Tsahal est infiltrée par des militaires orthodoxes combattant au nom de Dieu et non plus au nom de la nation. La violence disproportionnée avec laquelle l'armée israélienne a répondu au harcèlement des roquettes du Hamas trahit cette perte de raison.
Le fait que les Etats-Unis aient une fois de plus dû dégainer leur veto pour empêcher une nouvelle mise en accusation d'Israël à propos du rapport Goldstone sur la guerre de Gaza affaiblit un peu plus la position américaine pour imposer la paix. Si Obama n'obtient pas en échange le gel des colonies, il ne reste plus rien de sa promesse, et donc de sa force diplomatique.
En revanche, la page Bush est bien tournée. L'illusion d'un choc entre un bloc musulman et un bloc occidental a vécu. Côté "Occident", le changement de ton américain et la fermeté européenne face à Israël ne doivent plus laisser de doutes sur ce fait. Quant au "bloc musulman", il n'a jamais existé en dehors des alliances de façade à l'ONU. Il est temps de le redécouvrir. Entre l'Iran et l'Arabie saoudite, la guerre froide se réchauffe. Chiites et sunnites ne s'affrontent plus seulement en Irak, mais au Yémen et au Pakistan.

Les alliances changent de camp. La théorie du "choc des civilisations" - qui a servi de modèle ou au contraire de repoussoir pendant l'après-11-Septembre - n'a plus aucun intérêt.
Les enjeux se "déconfessionnalisent" pour apparaître dans leur triste nudité : celle des conflits d'intérêts.

Caroline Fourest est aujourd'hui "lynchée", traitée d'antisionsite donc limite antisémite(!!!) à cause de son courage (lire en cliquant sa réponse sur son blog suites aux attaques).
Pourtant, tant qu'il s'agissait des islamistes, tout le monde applaudissait!
On oublie que Caroline Fourest est en premier lieu une combattante infatiguable de la laïcité et du féminisme.

Oui il faut oser dire entre autre, que les fanatiques sont partout.
Aussi donc en Israel (qui a le feu nucléaire) dont certains peuvent porter un uniforme comme le cite Caroline Fourest (ce qui est un tabou dans les médias occidentaux mais pas orientaux).

ll est grand temps de laiciser (et c'est un croyant qui le dit), interdire toute préférence ethnique ou raciale, démocratiser, stopper les véléités territoriales et dénucléariser TOUTE la région!
Avant que ces nihilistes ce tout poils nous punissent d'une vitritication au nom de dieu!

Pour lui rendre encore hommage, Fourest va beaucoup plus loin dans son article et c'est dommage que personne n'intervienne sur la seconde partie et ses conclusions.
C'est un vrai article de géopolitique et de projection sur le monde avenir.
De la fin de la diplomatie américaine et a fin du mythe du "choc des civilisations", justifiant les "guerres préventives".
Nous dirons que l'Occident tourne la page de sa suprématie avec la fin période hégémonique et coloniale.
Au profit de ou face à l'émergence d'autres super puissances.

L'épicentre et l'équillibre du monde change. Et je rajouterai pour conclure personnellement:
Avec pour juqe d'arbitre la fin des ressources et le désordre climatique.

Alors au détriment de tout ceux qui en vivent (!), les débats crypto-colonialistes, ethnico religieux....pour quelques hectares ou pour la conversion religieuse du monde paraissent surréalistes et totalement déconnectés du Monde qui vient et ses échéances cataclismiques.

jeudi 5 novembre 2009

L'Autre selon Kapuscinski

Arrete-toi! Regarde!
A côté de toi se trouve l'Autre. va à sa rencontre. la rencontre est l'epreuve, l'expérience la plus importante. Regarde le visage que l'autre te propose! A travers ce visage, il te transmet sa propre presonne, mieux encore, il te rapproche de Dieu.

CET AUTRE, 2009, Plon.

L’espoir turc des pays arabes

Le président tunisien n’est pas qu’un dictateur. Avec sa cinquième réélection et ses scores soviétiques, il est une caricature de despote mais Zine el-Abidine ben Ali est, aussi, la parfaite incarnation du dilemme auquel fait face le monde arabo-musulman. Le drame de ces pays est qu’il n’y a rien entre leurs mouvances islamistes et les régimes en place, autoritaires ou dictatoriaux. (...)

Atomisés, divisés, dans l’incapacité, en tout cas, d’essayer de s’unir et de former des partis sans risquer d’encourir une répression plus grande encore, ils (les démocrates, opposants politiques) ne constituent, nulle part, une alternative politique susceptible d’ouvrir de nouveaux horizons à leurs peuples. C’est ainsi que les pouvoirs en place peuvent dire «c’est eux ou nous», le statu quo ou la charia, qu’ils peuvent le faire valoir à l’intérieur de leurs frontières comme sur la scène internationale et s’assurer, par là, le double bénéfice d’une connivence occidentale et d’une acceptation, critique mais résignée, de bon nombre de leurs sujets. Tunisienne ou autres, ces dictatures se maintiennent beaucoup plus par la peur de l’islamisme que par la violence policière mais comment en est-on arrivé là ?

Arrêtons-nous, plutôt, aux années 1950, celles où la décolonisation rend une pleine souveraineté aux Etats arabes. Certains vont, alors, opter pour des régimes inspirés du bloc soviétique, parti unique et secteur public dominant la vie économique.

D’autres s’appuient, au contraire, sur l’Europe et les Etats-Unis, se revendiquent de la libre entreprise, donnent ou non des gages formels à la démocratie, mais renforcent des monarchies corrompues gérant leurs royaumes comme des biens personnels. Implacable, la logique de la guerre froide redistribue les pays décolonisés entre les deux camps qui diviseront le monde jusqu’en 1989 mais, si différents qu’ils soient, ces deux types de régime conduiront à un même échec. Dans les deux cas, tout ce qui pouvait ressembler à un embryon de force démocratique est éliminé, au nom de la révolution ou de l’anticommunisme.

Faute de contre-pouvoir, les partis uniques comme les familles royales font main basse sur la richesse nationale, surtout lorsque le sous-sol est généreux en matières premières. Dans les deux cas, enfin, ces dictatures prédatrices suscitent bientôt un rejet populaire sur lequel seuls les islamistes sont à même de capitaliser en prônant un retour à une pureté originelle, identitaire et mythifiée, celle de la religion et de l’unité musulmane, seul antidote, proclament-ils, aux connivences impies avec l’Occident «croisé» ou le communisme athée.

Ce que la guerre froide avait fait, sa fin aurait pu contribuer à le défaire mais, dans ces pays, la chute du mur de Berlin n’a guère changé la donne. Entre-temps, à tort mais c’est ainsi, les islamistes avaient vu dans l’écroulement du communisme la conséquence directe de leur contribution à sa défaite afghane ; ils en avaient conclu que la vraie foi pourrait abattre une superpuissance après l’autre, l’américaine après la soviétique ; leur fanatisme s’est renforcé de cette croyance profondément enracinée et, surtout, la révolution iranienne, le 11 Septembre et les tueries jihadistes ont désormais fait du repoussoir islamiste l’assurance-vie des régimes arabes.

Les chemins de la liberté sont encore longs pour ces pays mais il leur reste, pourtant, un espoir. Très paradoxal, il est que les islamistes arabes méditent l’exemple des islamistes turcs, qu’ils renoncent eux aussi à la violence messianique, se transforment, à leur tour, en partis «musulmans conservateurs», respectueux de l’alternance et à même de constituer autour d’eux des rassemblements traditionalistes à vocation majoritaire. Ce repositionnement pourrait, à la longue, ébranler les dictatures arabes et rassurer les Occidentaux. Ni impossible ni exaltant, ce serait un grand pas vers le changement, mais on n’y est pas encore.
Par BERNARD GUETTA Bernard Guetta est membre du conseil de surveillance de Libération.

Hommage à Claude Lévi-Strauss!

"J'ai connu une époque où l'identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent".
Claude Lévi-Strauss, 2005

Article paru ce jour dans Lemonde.fr:
Quand Lévi-Strauss dénonçait l'utilisation politique de l'identité nationale...

En 2005, Claude Lévi-Strauss prononçait un discours mettant en garde contre les dérives de politiques étatiques se fondant sur des principes d'identité nationale. "J'ai connu une époque où l'identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent", disait-il. Pour Philippe Descola, professeur au Collège de France et qui a succédé à Claude Lévi-Strauss à la tête du laboratoire d'anthropologie sociale, "c'est la double expérience, personnelle et politique d'un côté et d'ethnologue de l'autre, qui a conduit Lévi-Strauss à récuser et vivement critiquer l'accaparement, par des Etats, de l'identité nationale".

Le thème de la diversité culturelle lui était cher. Or ses écrits n'ont pas toujours été très bien compris, notamment Race et Culture, dans lequel il affirme le droit de chaque culture de se préserver des valeurs de l'autre…

Claude Lévi-Strauss a été un des artisans, après la guerre, de la construction d'une idéologie à l'Unesco qui rendrait impossible les horreurs de la seconde guerre mondiale et ce qui l'avait provoquée : le racisme et le mépris de l'autre. C'est dans ce cadre qu'il a rédigé deux ouvrages. Le premier, Race et Histoire, met en forme le credo de l'Unesco : il n'y a pas de race. S'il existe des différences phénotypiques, celles-ci n'ont aucune incidence sur les compétences cognitives et culturelles des différentes populations. Ce qui compte, c'est la capacité à s'ouvrir à autrui et à échanger de façon à s'enrichir de la diversité culturelle.

Le deuxième texte, Race et Culture, visait à préciser certains aspects du premier, mettant l'accent sur le fait que pour qu'il puisse y avoir échange et contraste entre sociétés voisines, il faut qu'elles conservent une certaine forme de permanence dans les valeurs et les institutions auxquelles elles sont attachées. Lévi-Strauss voulait souligner que l'échange n'implique pas l'uniformisation. Quand il est entré à l'Académie française, on lui a reproché d'intégrer une institution vieillotte. Or il répondait que les rites et les institutions sont fragiles et que par conséquent, il faut les faire vivre. Il portait, sur les institutions de son propre pays, un regard ethnographique, le "regard éloigné", celui que l'on porte sur des sociétés distantes.

L'incompréhension du texte Race et Culture ne vient-elle pas aussi d'une confusion entre identité et culture ?

C'est en Allemagne, au XIXe siècle, que le terme de culture se développe comme concept et comme outil politique. A l'époque, l'Allemagne est travaillée de toutes parts par la question de l'unité nationale. Les intellectuels germanophones s'emparent de la notion de culture pour définir ce que serait le creuset d'une nation allemande à venir. En France ou au Royaume-Uni, en revanche, le terme était très peu usité. On parlait plutôt de civilisation.

La notion de culture a migré de l'autre côté de l'Atlantique avec la première génération d'anthropologues américains – tous d'origine allemande. C'est avec sa fortune dans l'anthropologie américaine qu'elle est revenue en Europe après la guerre. Lévi-Strauss a lui-même fait usage de cette notion de culture, à la fois dans une tradition classique philosophique et dans un sens technique, celui de la tradition allemande.
En Europe, le principe de culture – qui est une façon propre à l'Occident de penser l'identité – a rencontré un succès imminent, avec l'inconvénient de faire croire que les identités sont constituées de systèmes clos. La tradition muséologique a joué un rôle dans ce sens. Croire que l'on peut mettre une culture dans un musée en réunissant des objets à l'intérieur de quelques vitrines est extrêmement réducteur.

mercredi 4 novembre 2009

Negocier avec les Talibans?

Edito de Pierre Rousselin du Figaro.fr de ce jour:

(...)Depuis plus d'un mois, Barack Obama hésite et consulte. Pourtant, octobre sera le mois le plus meurtrier pour les États-Unis, tandis que les talibans multiplient les attentats en plein Kaboul.

Son vice-président, Joe Biden, l'incite à refuser les troupes demandées, au profit d'un effort accru contre al-Qaida au Pakistan. L'idée fait son chemin d'un moyen terme : les alliés se concentreraient sur la défense d'une dizaine de villes et laisseraient aux talibans le contrôle d'une partie du territoire afghan.

Huit ans après le début du conflit, la guerre continue d'être menée dans un vide stratégique, sans que l'on sache très bien quel est le but recherché. Pas étonnant que les opinions publiques soient sceptiques. S'il veut éviter la sanction des urnes aux élections de mi-mandat, il serait temps qu'Obama se décide.


Que fera sarkozy? changer pour la 3ieme fois d'avis depuis la campagne présientielle?
Ou s aligner sur la doctrine Bush fils, obsolète comme il le fait à l'égard de l'Iran?
C est une vieille tradition en France d'avoir une guerre de retard... (Indochine, Algérie, Mur de Berlin...)
Le moins qu on puisse dire, c est qu'il aura été incompétant sur ce dossier géopolitique.