jeudi 19 juin 2008

Virginité et indignation artificielles.

En France nombre de "faiseurs d’opinion", à commencer dans le journal Libération, se sont emparés avec délices du jugement émis par le tribunal de Lille annulant un mariage en raison d'un différend sur une question de virginité. Bien que ce soit rarement dit aussi crûment, il est évident que le principal "intérêt" de cette histoire réside dans le fait que l’homme et la femme concernés par cette décision de justice sont de religion musulmane. On en arrive à penser que saisir n’importe quel prétexte susceptible de nourrir la peur et le rejet impulsif de tout ce qui est arabe et/ou musulman est pour certains, non pas le fruit de la simple ignorance, mais bien le résultat d’une volonté délibérée de créer dans l’opinion des sentiments de détestation, pour ne pas dire de haine…De même qu’il faut sans cesse rappeler que musulman et arabe ne sont pas des synonymes, il faut aussi marteler, encore et encore, qu’il n’y a pas un islam, figé dans une réalité inamovible quel que soit le lieu et le temps, mais des pratiques qui évoluent et se modifient, comme dans toutes les religions d’ailleurs. (Il suffit de penser aux positions des autorités chrétiennes, et des pratiquants, sur la question de la virginité.)Les choses sont donc en constante évolution, dans un monde arabe bien plus proche de nous qu'on ne le croit, au contraire de ce qui est sans cesse répété. Si la virginité y conserve une grand part de sa valeur symbolique, elle est en train de perdre de sa "valeur réelle" car il y est désormais assez facile de "refaire" médicalement une virginité de plus en plus souvent "perdue" à l’occasion de relations sexuelles prémaritales. C’est apparemment au Maroc que les prix sont les plus bas : environ 70 dollars (300 dinars). En Tunisie, l’opération – le plus souvent réalisée au laser – coûte davantage, 300 dollars à peu près. Aujourd'hui, dans bien des familles, la virginité de la jeune épousée est tout aussi symbolique pour les participants à la noce que peut l'être, dans ce rite social, le "blanc virginal" de la robe de mariée dans nos contrées.Il reste que la virginité demeure sans aucun doute une "valeur" socialement très importante mais, comme le soulignent des sexologues et sociologues, au Maroc notamment, la possibilité d’obtenir une sorte de "virginité artificielle" (بكارة إصطناعية) ne peut qu’accélérer une évolution des mœurs, bien réelle déjà au regard du nombre de femmes qui ont déjà eu recours à cette opération.Quant au rôle de l'islam, dont la presse française fait plus que suggérer qu'il est la principale cause de cette fixation des mâles arabes sur la virginité de leurs femmes, il est intéressant de constater que les autorités religieuses sont loin d'être unanimes sur la question. En fait, certaines d’entre elles défendent la "solution" chirurgicale qui, dans le contexte actuel des évolutions sociales, leur paraît un bienfait pour certaines femmes. Mais si les choses sont à l'évidence plus compliquées, on a le droit de penser qu'il y a quelque chose de très "artificiel" à ce que la chirurgie soit, dans nombre de familles arabes, une "solution" à la question que pause la perte de la virginité à ce qu'elles croient être leur "honneur". D'un autre côté, l'unanimité qui s'est faite à l'encontre de la décision du tribunal de Lille paraît, dans le contexte français, pour le moins... artificielle elle aussi !

Pour une réflexion, d'un point de juridique notamment, sur cette question, voir cet excellent billet paru dans Le journal d'un avocat.

http://www.maitre-eolas.fr/2008/05/30/969-n-y-a-t-il-que-les-vierges-qui-puissent-se-marier

Vétérans patriotes, contre la guerre en Irak.

Des patriotes américains contre l'occupation et la guerre en Irak. Est-il permis pour un non-américain d 'être contre cette guerre et être en même temps amoureux de cette culture et ce pays? JE pose la question car la droite bornée française a répondu. Mon opposition farouche à cette invasion m'a valu d'être traité d'anti-américain primaire ( à droite tout devient primaire quand on est contre eux. C'est leur esprit ouvert et pragmatique), puis bien sur de vouloir faire le jeu de Ben Laden, du terrorisme, de l 'slamisme et de vouloir défendre la présence des dictateurs du monde nottament arabe, de mettre en sursis la sécurité du monde, du Proche-Orient et donc d'Israel, et donc s'être accusé de flirter avec l'antisémitisme.
A la vue du désastre humain je ne regrette pas. bien au contraire! Je n'oublierai pas ceux qui m'auront traité ainsi. La brutalité des opinions de la droite française n'est que l'arrière goût nauséabonde de cette guerre (j'exclue de mon propos le ministre Villepin et le président Chirac).



A 26 ans, Adam Kokesh est un vétéran d'Irak qui s'oppose aujourd'hui à la guerre. Ce marine, qui a servi dans les affaires civiles, près de Fallouja, s'était engagé par choix. Son interview vidéo.

les vétérans témoignent de leur sale guerre (paru en anglais sur Slate.com , le 18.06.08)
(...)Cinquante-cinq anciens combattants américains s'apprêtaient à témoigner sur les guerres menées en Irak et en Afghanistan, que les membres d'IVAW qualifient d'"occupation". Une conférence modelée sur celle du Vietnam en 1971, qui avait révélé les crimes de guerre, violations des droits de l'homme et gâchis militaire qui se déroulaient alors au Vietnam.
L'IVAW a trois objectifs: le retrait immédiat de toutes les troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan, des compensations au peuple irakien, et des soins médicaux fiables pour tous les anciens combattants de ces guerres(...).Lire la suite sur le site Rue89.com.
Témoignage d'un soldat sur l'entrainement à la déshumanisation de "l'énenmi":

Autres sites de véterans:

Veterans for Peace.
The organization includes men and women veterans of all eras and duty stations. Our collective experience tells us wars are easy to start and hard to stop and that those hurt are often the innocent. Thus, other means of problem solving are necessary.
Veterans For Peace is an official Non-Governmental Organization (NGO) represented at the UN.

We draw on our personal experiences and perspectives gained as veterans to raise public awareness of the true costs and consequences of militarism and war - and to seek peaceful, effective alternatives.
Some major areas of concern and involvement are:
WAR IN IRAQ:
When our government threatened invasion, we conducted public forums, met with elected representatives and participated in marches to express our opposition. As the war began, we gathered in Washington, DC, with other veterans groups for Operation Dire Distress. Since then, we joined together with Military Families Speak Out and others in the Bring Them Home Now campaign and supported recently returned vets who formed the Iraq Veterans Against the War. Local chapters continue to conduct educational forums, demonstrations and ongoing Iraq memorial displays, such as Arlington West, to remember the growing human cost of the war, to end the occupation and to bring our troops home now!

Just foreign Policy.
Just Foreign Policy is an independent and non-partisan mass membership organization dedicated to reforming U.S. foreign policy through coordinating the broad majority of Americans to advocate their interests and values.

mercredi 18 juin 2008

Voulons-nous encore faire la guerre?

Article édifiant du Figaro Magazine par Annet Sauty de Chalon 16/06/2008. Stéréotype des déclinologues de la droite conservatrice (type Alexandre DelValle, Lepen). Un condensé de toute cette régression civilisationnelle contre laquelle je me révolte. C'est à dire, la nostalgie du temps des occupations coloniales, des guerres préventives et de l'asservissement des autres peuples qui sont d'indispensables prix humains et moraaux pour la survie et/ou suprématie de la civilisation occidentale. Bien sur, aucune dimension humaniste ou religieuse n'est présente sauf dans le cadre de la galvanisation des foules afin lutter à mort pour leur salut. (notre fanatisme serait ici donc plus "licite" que celui de nos voisins!).
Une "pensée" totalitaire, violente, militariste, exclusiviste, machiste, xénophobe et raciste, terreau des sombres heures de l'Europe.
Effrayant!
La France renforce sa présence en Afghanistan, mais, contraintes budgétaires obligent, resserre le dispositif de ses armées. Au-delà, il s’agit d’évaluer notre aptitude au combat.
Avant 1989, le monde libre identifiait une menace à la frontière ; depuis le 11 Septembre, il n'y a plus de frontière à la menace ! Certes, l'Occident se trouve seul en mesure de projeter partout sa puissance de feu. Mais si un tel atout, nucléaire ou classique, reste adapté à des périls bien réels, il devient aussi dissuasif qu'une ligne Maginot quand l'ennemi se confond avec son milieu. Or, la « dimension sociale » des conflits, souligne le géopoliticien Gérard Chaliand (1), devient prépondérante.

Déjà, les masses du Sud sont dopées par une mémoire anticoloniale victorieuse. « Avant la Seconde Guerre mondiale, observe Chaliand, les troupes européennes peu nombreuses l'emportaient sur des armées locales considérables ; dé sormais, des armées européennes nombreuses ne parviennent pas à réduire des guérillas aux effectifs limités » (2), et ce, malgré des dépenses mili taires faramineuses. L'argent ne sera pas le nerf de cette guerre : une spirale perverse dessine même « le spectre d'une strangulation financière du Fort, asphyxié au fil du temps par la rusticité du Faible », comme le remarquent Arnaud de La Grange, grand reporter au Figaro, et Jean-Marc Balencie, un spécialiste des questions stratégiques (3).
Les guerres asymétriques sont en fait beaucoup moins inégales qu'il n'y paraît. Comme le Faible ne s'avoue jamais vaincu, tout conflit dégénère en guerre d'usure. Et, dans cette « drôle » de guerre, le Fort devient captif de son opinion publique. Les pays de l'Otan tous ensemble perdent chaque année quelque 200 soldats, et cela est vécu comme un drame ! Le monde européen, il est vrai, ne représente plus que 15 % de la planète, contre 30 % avant 1940 : quand on a peu d'enfants, on tient d'autant plus à leur vie.
De surcroît, la spécialisation du métier des armes engendre ce que l'historien Stéphane Audouin-Rouzeau appelle « une démilitarisation profonde de nos sociétés ». (4) Or, bien plus que « la continuation de la politique par d'autres moyens » (Clausewitz), la guerre est un « acte culturel » par lequel un peuple se perpétue pour ne pas sortir de l'Histoire. Ainsi, que l'on n'ait pas su, en 1991, combien de soldats irakiens avaient péri sous le feu de l'offensive américaine constitue, pour Gérard Chaliand, « le signe d'une mutation de la sensibilité occidentale, qui ne peut plus supporter les pertes infligées à l'ennemi ». En refoulant « le plaisir de tuer et de détruire » (Norbert Elias), nos sociétés ne s'exposent-elles pas à l'instinct d'expansion des peuples féconds ?

Chez nous, cette vulnérabilité née du traumatisme de la der des ders tient à l'ébranlement de tout un édifice. Dans la famille, le père est périmé, de même qu'à l'école, l'obéissance au maître. Un rousseauisme maternant domestique très tôt l'agressivité naturelle. Le curé, autre image du pater, devient animateur social. L'Eglise-ONG, en canalisant les consciences sur les fins en soi du « dialogue » et de « l'accueil », les anesthésie par une rhétorique désarmante. Le sacré, dans sa beauté irradiante, situait la hauteur de l'enjeu dans l'au-delà. Jusqu'à la mort, le croyant ne devait jamais cesser le combat pour espérer le salut. La perte du sens tragique, aujourd'hui, est amplifiée par le dieu Télévision, lequel nous divertit, c'est-à-dire nous détourne de nous-mêmes. Le tsunami consumériste emporte des générations entières dans une insouciance d'adolescent. La sous-culture de masse déracine le génie propre : on ne participe plus à son histoire ; on la conserve au musée.
Sur le front économique, l'obsession du risque zéro, le culte du temps libre, l'emploi protégé et la lourdeur étatique torpillent la volonté de gagner, sans oublier l'écologisme qui fait de notre modèle dominant une nuisance pour l'humanité. La mondialisation, vue comme une agression, provoque une crispation sur le pré carré local, à l'image de l'engouement pour les Ch'tis. En fait, le dessein intelligent de l'histoire collective est enterré, au profit de mémoires particulières. La patrie rime avec extrémisme ; la repentance postule la honte et la haine de soi. Un néant se forme qui s'incarne aussi dans la dilatation de l'espace européen, où toute épopée nationale est rendue inintelligible.
L'abandon du service militaire aggrave le décrochage. Quant à l'oxymore « soldat de la paix », sans champ de bataille ni champ d'honneur, il ne sublime pas les cSurs. Qui peut vibrer pour des principes kantiens ? Les ambitions inassouvies trouvent un exutoire dans le stade, seul lieu autorisé pour agiter le drapeau. Pour ce qui est des banderoles... Enfin, le morcellement ethnique rétrécit l'horizon : les « quartiers » remplacent le territoire. N'y pénètre pas qui veut. Cette nouvelle donne hypothèque toute union sacrée autour d'un idéal à la fois supérieur et commun. Tirer les leçons du conflit libanais ou balkanique paraîtrait nécessaire.

Plus globalement, la réalité impose une réflexion sur la « fragilité métaphysique » de la démocratie, « mécanisme corrosif qui n'a plus de limites ni de fin » aux yeux du philosophe André Grjebine (5). Ancrées dans un passé mythifié ou une Révélation, luttant pour leur survie, les « sociétés fermées » du Sud sont aptes au combat. Saurons-nous leur répondre ?

lundi 16 juin 2008

Hommage à Germaine Tillion, l'ethnologue résistante, humaniste, de Ravensbrück aux Aurès.


"L'asservissement ne dégrade pas seulement l'être qui en est victime, mais celui qui en bénéficie".

« Le terrorisme est la justification des tortures aux yeux d'une certaine opinion. Aux yeux d'une autre opinion, les tortures et les exécutions sont la justification du terrorisme.» (Les Ennemis complémentaires, 1960, p. 47)

C'est une grande dame qui vient de mourir. Et tout d'abord une grande résistante, qui, dès juin 1940, refusera la soumission de la France à l'Allemagne nazie. Avec le colonel Paul Hauet, elle s'engage dans l'action clandestine et rejoint le groupe du Musée de l'Homme, l'un des premiers réseaux de résistance. A 34 ans, cette intellectuelle, fille des créateurs des Guides bleus, assure des reponsabilités de premier plan (filières d'évasion, renseignement, tracts et journaux...) Elle est arrêtée le 13 aout 1942, puis déportée à Ravensbrück, comme Nacht und Nebel c'est-à-dire vouée à disparaître dans "la nuit et le brouillard".

Libérée le 23 avril 1945, elle rapportera de déportation un livre collectif Ravensbrück, qui en 1946, explique le système concentrationnaire. Et également une opérette ! Le Verfügbar aux enfers ne sera joué pour la première fois qu'en juin 2007 au Théatre du Châtelet. Engagée dans la connaissance de la déportation, elle dénonce, dès 1949, le Goulag soviétique.

Ethnologue, formée par Marcel Mauss et Louis Massignon, elle est une spécialiste des Berbères. Avant guerre, elle effectue de nombreux séjours parmi les tribus d'Algérie, mais sa thèse est perdue lors de sa déportation. Elle publiera plus tard, en 1966, "le Harem et les cousins", considéré par les spécialistes comme un classique de l'ethnologie. De retour en Afrique du nord dans les années 50, elle constate la "clochardisation" des populations indigènes et s'engagera, en 1957, contre la pratique de la torture en Algérie. Gaulliste et catholique, elle servira à plusieurs reprises de contact entre les autorités françaises et les militants algériens.

Lorsqu'en 2000 la polémique resurgît sur la torture (l'affaire "Aussaresses"), Germaine Tillion signe l'appel des Douze, soutenue par le journal communiste l'Humanité. C'est dans L'Huma qu'elle expliquera le mieux sa position humaniste: "Il faut punir les actes mais (...) il faut avoir un peu pitié des gens qui les ont commis…"
http://www.liberation.fr/culture/322126.FR.php

Son parcours détaillé:
http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=317
Ses combats:
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/01/RIPOLL/14673

« ...Je n'ai pas « choisi » les gens à sauver : j'ai sauvé délibérément tous ceux que j'ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. Je n'ai ni cherché ni (certes) désiré les périls représentés par l'entreprise qui me fut proposée en juillet 1957: exactement, c'est l'entreprise qui est venue me tirer par la main.
« Il se trouve» que j'ai connu le peuple algérien et que je l'aime ; «il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et «il se trouve » qu'elles correspondaient en moi à des blessures ; «il se trouve», enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C'est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu'aucune n'a cassé, que je n'ai ni rompu avec la justice pour l'amour de la France, ni rompu avec la France pour l'amour de la justice.» (lettre ouverte à Simone de Beauvoir, 1964- A la recherche du vrai et du juste, p.259)

la Colonisation vue par Fellag!


Petit extrait video corrosif sur la vision de la colonisation par Fellag. L'auto-dérision à son paroxisme!

Voir aussi sur son site la présentation de son nouveau spectacle: "Tous les Algériens sont des mécaniciens".
http://www.fellag.fr/

"Dans la rue, il suffit qu’un chauffeur ouvre le capot de sa voiture pour que des dizaines de passants s’agglutinent autour et pointent leur nez dans le moteur pour voir ce qui ne tourne pas rond là-dedans. Pendant que quelques-uns demandent au propriétaire malchanceux ce qui s’est passé exactement et se renseignent sur l’indice qui a précédé la panne, d’autres se penchent pour déterminer la provenance de la faille. Ils passent en revue les différents composants du moteur et instaurent un débat riche et contradictoire sur les origines et les raisons de l’incident.
Le moteur d’une voiture est le seul endroit du pays où la démocratie s’exerce en toute liberté, égalité, fraternité. Chaque citoyen quelle que soit sa tendance politique ou religieuse est libre d’émettre, sans risque, son avis et le confronter à ceux des autres. Vous pouvez être démocrate, apostat, islamiste, évangéliste, athée, hindouiste, scientologue, blanc, jaune, noir, un idiot international, un imbécile du Djurdjura ou un crétin des Alpes… devant un carburateur grippé, une batterie à plat, un radiateur qui fuit, la nature humaine renoue avec la fraternité originelle."

"Roots", la série culte télévisée sur l'esclavage afro-américain

Cent soixante ans après l’abolition de l’esclavage par la France, et alors que l’Amérique se demande si son prochain président sera "noir"(métisse), ARTE retrace le combat des Afro-Américains pour l’émancipation, et au passage, tend un miroir au passé esclavagiste et colonial de la France.

Adaptation du roman d’Alex Haley, couronné du prix Pulitzer, cette saga familiale retraçant la douloureuse destinée de l’Africain Kunta Kinté, capturé puis réduit en esclavage, et de ses descendants, rencontre un succès d’audience aussi énorme qu’inattendu aux Etats-Unis.

C’est la première fois aux États-Unis, qu’une série télévisée aborde le sujet encore brûlant de l’esclavage et du racisme en donnant aux personnages noirs une réelle identité. En cela, la diffusion de Racines marque une date dans l’histoire des représentations audiovisuelles des Afro-Américains. Loin des clichés de l’Oncle Tom, domestique obéissant ou victime opprimée, les héros sont ici des individus à part entière, avec un passé et une mémoire familiale. Initiée par Marvin J. Chomsky, Racines permit à d’innombrables téléspectateurs de découvrir la dureté de la réalité cachée derrière l’imagerie romantique véhiculée jusque-là, notamment par Autant en emporte le vent. Formidablement interprété, Racines a conservé toute sa force et son pouvoir d’émotion.

Ibn Arabi et l'Amour


"Prodige ! Une jeune gazelle voilée
Montrant de son doigt pourpré et faisant signe de ses paupières!
Son champ est entre côtes et entrailles,
O merveille, un jardin parmi les flammes !
Mon coeur devient capable de toute image:
Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,
Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins,
Tablettes de la Torah et livre du Coran.
Je suis la religion de l'amour, partout où se dirigent ses montures,
L'amour est ma religion et ma foi."


Ibn 'Arabi, (Murcie, 1165 — Damas, 1240)

L'Algérie, les Chrétiens et la politique.


"Peut-on encore être chrétien en Algérie ? "(paru dans La Vie le 11,06,08). Question provocatrice d'actualité après le procès de plusieurs chrétiens accusés de "prosélytisme".
Réponse dépassionnée du Père Christian Delorme, incluant toutes les dimensions humaines, sociales, historiques et politiques souvent omises par les islamophobes.
Je précise qu'ayant rencontré et vécu 3 semaines avec les moines rescapés de Thibarine, ayant rencontré le biographe de Monseigneur Claverie (évèque d'Oran assassiné) ainsi que le Père Serge de Beaurecueil après ses années en Afghanistan, je partage les propos de Christian Delorme. Ils correspondent assez bien à ces expériences et témoignages vécu et/ou entendu par ces grands acteurs du 20ieme siécle de la rencontre et du partage de la vie avec l'Autre et ce, même en condition extrème (conflits, occopations guerre civiles, pauvreté etc...).

(...)Enfermer l’Algérie dans une image de société «anti-chrétienne» me paraît dangereux, parce que les attitudes d’hostilité aux chrétiens n’appartiennent pas à l’histoire de ce peuple ni au comportement de la majorité de sa population actuelle. Il peut paraître démesuré que les quelque trente-quatre millions d’Algériens puissent se sentir menacés dans leur identité et leur unité nationales, par l’existence de quelques centaines ou milliers de nouveaux chrétiens algériens, mais cela est exprimé. Nous devons l’entendre. Nous ne pouvons pas ignorer que l’Algérie est une nation neuve et encore fragile, même s’il y a une «histoire algérienne» qui a préexisté à la constitution de l’État-nation né de la résistance de l’émir Abd el-Kader puis de la lutte pour l’indépendance. Cette nation reste marquée par des particularismes régionaux très forts. Elle a encore connu ces dernières années des déchirements terribles qui ont causé, dit-on, quelque deux cent mille morts en moins de quinze ans. Outre la mémoire de la colonisation et celle de la lutte pour l’indépendance, qu’est-ce qui constitue, actuellement, le «ciment» fondamental de la nation algérienne, sinon l’islam ? Je ne crois donc pas qu’on puisse faire fi de la psychologie de toute une partie de l’opinion algérienne, du pourquoi de l’incompréhension qui entoure les chrétiens. Et je n’ignore pas davantage que ces peurs peuvent être utilisées facilement par certains secteurs du pouvoir algérien qui sont liés au fondamentalisme musulman, puisque le gouvernement actuel est une coalition de plusieurs partis différents. J’espère, bien entendu, de tout mon coeur que la société algérienne finira par accepter pleinement la liberté de conscience pour chaque individu, et que les chrétiens algériens ne seront plus regardés comme des «ennemis de l’intérieur», mais je mesure que cela ne va pas de soi. Loin de moi en tous cas l’idée que les Algériens qui ont fait une découverte particulière du Christ qui les a conduits à la foi chrétienne seraient «coupables» de la répression qu’ils connaissent !
Se pose aussi la question de la légitimité du prosélytisme, c’est-à-dire la légitimité de campagnes d’évangélisation dans des sociétés musulmanes. Cette question n’est pas facile. L’évangélisation est certainement un ordre du Christ Jésus. Le christianisme ne s’est-il pas diffusé grâce au «prosélytisme» et grâce au sang versé de milliers et de milliers de martyrs ? Si je regarde le Christ, je m’aperçois, cependant, qu’il n’annonce pas toujours «à temps et à contretemps» (pour reprendre une expression de saint Paul dans sa deuxième lettre à Timothée). Parfois il demande à ceux qui le confessent (notamment les démons !) de se taire. Et, au cours de l’histoire, les façons d’annoncer l’Évangile ont connu des visages extrêmement différents. En Algérie justement, durant la colonisation française puis après l’indépendance, les Églises (d’abord sous la pression du pouvoir politique français) ont renoncé au prosélytisme afin de sauvegarder la paix sociale, car la Paix est un des grands dons de Dieu. En ce qui concerne l’islam, de surcroît, peut-on ignorer que les musulmans ont déjà une connaissance du Christ, quand bien même celle-ci est en contradiction avec l’annonce chrétienne du Crucifié et du Ressuscité ?
Enfin, la cohabitation de plus en plus fréquente des chrétiens et des musulmans dans notre grand «village planétaire» va faire qu’il y aura de plus en plus des «passages» d’une foi à une autre, du christianisme à l’islam et de l’islam au christianisme. Puissions-nous apprendre à vivre tout cela paisiblement et positivement, en croyant que l’oeuvre de Dieu s’accomplit de façons multiples et même contradictoires !

article paru dans Le Monde du 03,06,08 par Christian Delorme:

Longtemps terre de convivialité interreligieuse, l'Algérie est en train de se retrouver, chez nous, au banc des accusés, à la suite de différentes mesures qui ont restreint, dans ce pays, l'exercice du droit de vivre pleinement sa religion pour les chrétiens de différentes dénominations.
Les récents procès intentés à Tiaret contre des personnes d'origine musulmane qui ont embrassé le christianisme de tendance évangélique valent désormais à l'Algérie d'être considérée, dans les pays occidentaux, comme un pays où les chrétiens sont persécutés. Cette situation est au moins autant dramatique pour l'Algérie, dont l'image se trouve ainsi salie, que pour les chrétiens en question.
(...)
Connaissant l'utilisation à son profit du christianisme évangélique que la puissance impériale américaine fait en divers pays du monde, les Algériens sont nombreux à craindre qu'existe une stratégie qui viserait à créer une minorité chrétienne dans leur pays, qui pourrait devenir un jour prétexte à des interventions militaires. Il y a certainement, derrière les difficultés faites actuellement aux chrétiens, des pressions exercées par certains Etats du Golfe ou de la péninsule Arabique, afin que l'Algérie affiche davantage son islamité aux portes de l'Europe. Mais il y a, également, ces peurs algériennes et une sensibilité particulière du peuple d'Algérie qui ne doivent pas être traitées par le mépris.

Dans cette situation, l'urgence se fait sentir d'une réflexion sereine sur la légitimité, ou non, du prosélytisme chrétien en terre d'islam. Car si l'on ne peut que défendre le droit de chaque individu à aller librement vers la foi de son choix, en revanche il peut paraître moins sûr que soient permises les tentatives de ramener à soi, par des techniques diverses, des hommes et des femmes appartenant à la foi musulmane. L'Evangile, certes, demande aux chrétiens d'annoncer le Christ, mais pas au prix du déchirement d'un peuple, pas au prix de l'engendrement de situations de violence. Ce furent, d'ailleurs, jusqu'à aujourd'hui, le "credo" et la pratique de Mgr Teissier comme du cardinal Duval, tous les deux des constructeurs de l'Algérie contemporaine.

Christian Delorme est prêtre du diocèse de Lyon, engagé de longue date dans le dialogue islamo-chrétien.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/06/03/non-l-algerie-n-est-pas-antichretienne-par-christian-delorme_1053102_3232.html

En Irak, autant de miliciens privés que de soldats américains et alliés

Les sociétés militaires privées emploient quelque 180000 personnes. Leur immunité est totale, leurs exactions sont fréquentes. Elles sont accusées d'attiser la haine contre les Etats-Unis.
(...)
Jusqu'en juillet 2007, plus de 1000 miliciens privés ont été tués et 13000 blessés. Ce bilan, peu médiatisé, montre l'intérêt de sous-traiter des tâches militaires à ces sociétés. Comme leurs employés n'entrent pas dans les statistiques officielles, leur mort n'a aucun impact sur le moral de l'opinion publique. De plus, elles permettent aux politiciens de s'en sortir à bon compte si l'aventure militaire tourne mal.

Selon l'Armée américaine, les employés de ces sociétés sont impliqués dans 36% des dérapages qui se sont produits en Irak.

Quand on nous annonce une réduction des effectifs militaires d'occupation en Irak, il faut se demander quelles sont les modalités, les formes et l'objectif réel de ces retraits. Cette question est particulièrement adressée à Obama.

dimanche 15 juin 2008

Le Canada présente ses excuses aux indiens

Le Canada apres l'Australie en début d'année font ce travail de justice et de mémoire. Notre ambassadeur de France en Algérie à reconnu le massacre de Sétif de 1945. C'est un début. Le pays dit des Droits de l'Homme a le devoir de montrer l'exemple. Tout dépendra de notre regard à l'égard de nos anciens "indigènes" et des relations économiques que nous souhaitons poursuivre avec ceux-ci.

Le Premier ministre canadien doit présenter mercredi, devant le Parlement des excuses solennelles aux peuples autochtones du pays. Cela fait des années que les 1 300 000 Indiens et Inuits que compte le Canada réclament la reconnaissance du « génocide culturel » dont ils estiments avoir été victimes. Stephen Harper devrait notamment concentrer son mea culpa sur les « pensionnats autochtones », ces établissements spécialisés créés à la fin du XIXe siècle. Ses excuses marquent l'aboutissement d'un long processus de réhabilitation des communautés autochtones, plus défavorisées que la moyenne des Canadiens.
Stephen Harper a promis des excuses « détaillées et exhaustives », plus approfondies encore que celles adressées en février par le chef du gouvernement australien aux aborigènes de son pays.

Le Premier ministre canadien devrait concentrer son mea culpa sur les « pensionnats autochtones », ces établissements spécialisés créés à la fin du XIXème siècle. Cent cinquante mille enfants indiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans ces écoles tenues par des églises chrétiennes, dont l'objectif était de leur faire oublier leur langue et leur culture.

Les excuses solennelles du gouvernement doivent marquer le couronnement d'un long processus de réhabilitation des communautés autochtones, plus défavorisées que la moyenne des Canadiens. L'alcoolisme et le taux de suicide y sont plus élevés, l'espérance de vie inférieure. Il y a deux ans, 5 milliards de dollars de réparations ont été versés aux 80 000 anciens pensionnaires de ces établissements, qui disent avoir été victimes d'abus physiques et sexuels.

Une commission de vérité et réconciliation a débuté ses travaux le 1er juin, pour tenter de faire la lumière sur ce qui est présenté comme le chapitre le plus sombre de l'histoire canadienne.

A l'ONU, Triomphe symbolique pour les autochtones:
http://www.rfi.fr/actufr/articles/093/article_56466.asp

"Le" choc des civilisations : un Occident vidé de ses valeurs originelles.

"L’Occident ne peut s’opposer au fondamentalisme islamique sans commencer par renoncer à son propre fondamentalisme, qui est essentiellement celui du marché, du profit, de la production et de la consommation, soutenu par la force du pouvoir militaire et au mépris du droit international. La voie de la paix en Méditerranée et au Moyen-Orient suppose que la « vieille Europe » ait la capacité de retrouver ses valeurs originelles, à commencer par la réaffirmation du droit international et des institutions qui lui sont liées, et la nécessité du dialogue et de la coopération avec les autres cultures et civilisations, principalement le monde islamique et le monde sino-confucéen."

Danilo Zolo est italien, juriste et historien du droit et a dirigé l'ouvrage "L’Alternativa Mediterranea".

Cet ouvrage de plus de 600 pages qui vient de paraître (aux éditions Feltrinelli et sous la direction de Franco Cassano et Danilo Zolo) traite de la Méditerranée comme lieu de rencontre et de civilisation entre Occident et Monde islamique et contribue à un processus de pacification basé sur le respect et la connaissance réciproque. En particulier, les auteurs traitent de thèmes comme l'exportation de la démocratie, les médias, la société civile dans la Méditerranée arabo-islamique, les migrations, les « sièges militaires », la question palestinienne, les droits des femmes et le féminisme islamique, la question des prisons, l’Europe et le monde islamique, le constitutionalisme.

http://www.fondation-seydoux.org/pages/actualites/fiche_breve.php?id=306
http://www.meltingpot.org/articolo11757.html

Sarkozy, la Démocratie et les Medias

«Ces relations étroites entre un homme politique puissant devenu président et les grands groupes de presse, les menaces lancées par le candidat Sarkozy publiquement à des journalistes, tout cela a contribué à créer un mauvais climat et la suspiscion.» (RFI)

Patrick Poivre d'Arvor, dit PPDA, présentait le journal de 20h sur TF1 depuis 1987. Vingt et un ans de bons et loyaux services dans la grande chaîne privée française qui est devenue, depuis, le média européen le plus puissant.