dimanche 31 mars 2013

MUGAR ou les retrouvailles des musiques Celtes et Berbères



"En opposant l’Orient à l’Occident, l’humanité s’égare "
"C’est la méconnaissance de l’autre qui est la cause des fantasmes et des préjugés."
Bruno ETIENNE

L'aventure musicale MUGAR autour de 3 flutistes (Nasredine Dalil, Youenn Le Berre, Michel Sikiotakis) à été crée en 1996 à l'occasion du festival "Printemps Celte" à la Villette. Travail dans un esprit de rencontres et de métissages de leurs cultures d'origine: celte et berbère. 
Répertoire  traditionnel et compositions originales, emprunts et échanges, mélanges et confrontations tissent ce spectacle atypique qui fait de la différence une source de création renouvelée, à la croisée de la tradition et de la modernité.
Fondées sur des similitudes mélodiques  berbère-celtes, les compositions pratiquent le cache-cache de la tradiion et de la contemporanéité, le jeu de miroirs entre l'impro soliste et la démarche orchestrale.
Et c'est avec une jubilation que notre équipage brouille les codes.



"(...)Sous leurs très beaux accents, les musiciens du groupe ne sont pas dupes. La musique ne résoud pas tout. Mais faire vivre des musiques aux lan- gues différentes oblige à se con- naître et à se reconnaître.

À l’écoute de Mugar, on peut être perplexe. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Leur musique se déroule, syncopée, belle, flatteuse. Parfois elle se fait grave, comme pour nous dire que les rencontres entre les peuples ne sont pas toujours faites dans l’allégresse. Puis le groove renaît, sourd lancinant. Alors résonnent tous les territoires de l’Afrique. Et quand le banjo se mêle de ces histoires de peuples, puis la flûte, le violon à d’autres instruments riches des épopées celtes. On comprend que les membres de Mugar ont une vraie pré-
occupation : se rencontrer, se com- prendre, et écrire ensemble des pages de l’histoire de la musique des tribus qui forment l’humanité.

Au travers de compositions traditionnelles, de créations, de mixités limpides, chacun trouve sa place, amène sa culture, son lyrisme, sa force. Et soudain, sereinement, comme un vent du désert les voix viennent rappeler que la musique est fête mais que certains des porteurs de mélodies viennent de peuples pour qui, encore aujourd’hui, chaque jour se gagne durement. Malgré cette forme d’allégresse, les musiciens de Mugar ne sont pas que de doux rêveurs.
Les musiciens on compris une chose fondamentale : 
de l’écoute et de la compréhension de l’autre ne peut qu’apparaître le beau."


Philippe Krümm 


Les similitudes culturelles:
D'un point de vue musical, on retrouve des choses très proches qui sont troublantes : certains chants de femmes de mariage ressemblent étonnamment à des gavottes bretonnes, on se rend compte également que certains rythmes berbères vont bien sur des gigues irlandaises. En Irlande, les slow airs et les sean nös, chantés avec des styles vocaux sont assez proches finalement de ce que l'on peut entendre en Afrique du Nord, ou dans le monde oriental en général, avec tout le côté ornementé, les sonorités de la langue aussi.


A écouter en streaming ici.
A voir sur Facebook
A Ecouter sur MYSPACE
A voir et à écouter: Portail de la musique algérienne

pour aller plus loin:

L'origine des Berbères par Gabriel CAMPS
[Islam : société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, sous la direction de Ernest Gellner, les Cahiers C.R.E.S.M, Éditions CNRS, Paris, 1981.]

Association Franco-Berbère

Forum sur les Civilisations Celtes


samedi 30 mars 2013

La Liberté pour quoi faire?

Teaser de "La liberté pour quoi faire" from JB Durand on Vimeo.


Teaser de "La liberté pour quoi faire"
d'après les textes de Georges Bernanos
mise en scène : Jacques Allaire
Interprétation : Jacques Allaire et Jean-Pierre Baro

La vie est une somme de Renaissances, par Nathalie Sarthou-Lajus

"Ce qui nous met en péril peut aussi nous revivifier.
la vie est jalonnée de renaissances, on ne meurt pas qu'une fois.
A nous de renaître plusieurs fois"
Nathalie Sarthou-Lajus

De l'Altérité et de l'Amour.


"Même disponible, même à portée de caresse, le visage aimé manque, et ce manque est la 

merveille de l'altérité."


La Sagesse de l'Amour, A. Finkielkraut

jeudi 28 mars 2013

Mystère et risque de l'Altérité par Pascal QUIGNARD


Je déteste qu'on attende du réel quelque chose comme un sens. C'est déjà une façon de tricher avec le monde. L'altérité me paraît bien plus proche de ce que la vie offre à vivre que cette question.
Le sens, c'est toujours orienter l'action ou le temps dans une seule direction imposée par un groupe qui se considère comme le meilleur. 
Réclamer du sens, c'est faire surgir un monde trop sémantique, trop orienté, c'est faire de l'autre en tant qu'être différent un ennemi, c'est vouloir l'exterminer. Tandis que prôner un monde uniquement anxieux de l'autre, c'est une façon d'accueillir un réel bien plus dynamique. Les sociétés perdues et perplexes ne posent pas de problème.
Apporter du sens, c'est se boucher la vue. Si l'on vit avec quelqu'un que l'on aime, si on lui dit : « C'est pour ça que je t'aime, voilà le sens de mon amour », il faut fuir car c'est déjà de la trahison. On n'est pas pour une raison avec quelqu'un, on est face à lui, face à son étrangeté. Le fait de se réunir sur ce qu'on ignore de l'autre est pour moi bien plus important que de prétendre connaître quelque chose de l'autre.
Interview Lire- Février 1998 .Pascal Quignard

mercredi 27 mars 2013

Dominique A - Rendez-nous la lumière



On voit des autoroutes, des hangars, des marchés
De grandes enseignes rouges et des parkings bondés
On voit des paysages qui ne ressemblent à rien
Qui se ressemblent tous et qui n'ont pas de fin

[Refrain]
Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté
Le monde était si beau et nous l'avons gâché
Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté
Si le monde était beau, nous l'avons gâché

On voit de pleins rayons de bêtes congelées
Leurs peurs prêtes à mâcher par nos dents vermillon 
On voit l'écriture blanche des années empilées
Tous les jours c'est dimanche, tous les jours c'est plié

[Refrain]

On goûte au pieux mensonges des cieux embrigadés
Tant de vies sacrifiées pour du cristal qui ronge
On voit des fumées hautes, des nuages possédés
Des pluies orange et mauves donnant d'affreux baisers

lundi 25 mars 2013

Manifestation contre le "mariage pour tous" ou l'indignation sélective!

            Le 12 janvier 2013, jour de la grande manifestation qui rassembla entre 340 000 et plus  de 1 million de participants (plus on est à droite plus le chiffre gonfle), était aussi la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié. Mis aux oubliettes par l'urgence de certains catholiques français (du moins, ceux qui ont manifesté). Je trouve cela regrétable puisque cette journée symbolique pouvait montrer un signe d'ouverture et de solidarité envers les sans-droits, les minorités les exclus du monde. une des missions essentielles de l'Eglise dans le Monde,  dans laquelle elle ne manque pas par ailleurs au quotidien d'y oeuvrer avec une énergie et générosité admirable. Mais dans un monde où le symbole et surtout l'image priment, aspect où l'Eglise n'excelle pas et où, les fidèles  déplorent le déficit de notoriété positive, il y a eu encore une fois, une erreur de communication.  Les slogans et postures priment sur la complexité des sujets et la qualité des approches médiatiques. Tout est mélangé, brouillé. Nous voyons bien s'entre-meler des convictions religieuses profondes  et des intérêts très politiques. Ce qui est rarement compatible.

Ces centaines de milliers de gens, donc, ont usé, de leurs semelles et de leur temps  pour ce combat précisément qui est de s'opposer à la responsabilisation des parents et contre le droit à avoir les mêmes droits des enfants de couples homosexuels que de tous les autres enfants.
"Exit" la journée du Migrant!


Un autre oubli, ces manifestants ont jugé plus urgent leur combat  que de se soucier des souffrances  des homosexuels. Pas de charité ici.
Ils auraient pu y faire référence, s'y associer en marge ou conjointement de leur combat "civilisationnel". Histoire d'équilibrer les propos ou au moins de faire moins mauvaise figure médiatiquement (même si de façon anonyme, il y avaient des homosexuels dans la manifestation)Il y avait là un formidable champ de communication positive, une affirmation de la mission première de l'Eglise, une façon de prouver qu'il n y a aucune homophobie dans leur combat!
Ces manifestants  oublient que de petites associations catholiques de terrains, ont ce souci de l'autre, du fragile, du blessé, tel David & Jonathan qui souhaite aider les homosexuels dans un monde où le suicide fait des ravages notamment chez les jeunes. Brimades et discriminations engendrent un taux de suicide 4 à 13 fois plus élevé que la moyenne. C’est ce que démontrent plusieurs études épidémiologiques menées tant en France qu’en Amérique du Nord. Jusqu'à un homme sur 3 se suicide  pour cette raison
Mais de cela, Les manifestants ne s'en soucient guère...
Indignation sélective vous dis-je!

Allons plus loin.
Combien de chrétiens ont, sinon le sentiment de révolte, au moins le souci manifesté en groupe sur un sujet qui  est quasi tabou dans l'Eglise (de ses bergers à ses brebis), celui des abus sexuels sur mineurs et la pédophilie?
 Il est affligeant de se voir être soupçonné d'anticléricalisme quand on aborde le sujet chez certains catholiques pratiquants qui considèrent le sujet sur-médiatisé, sa gravité surestimée et instrumentalisée. Posons la questions aux victimes pour savoir ce qu'ils en pensent!
 Qui s'en soucient?
 Là, encore, il y a une erreur terrible de communication et d'action dans cette indignation sélective d'une partie l'Eglise de France. Les paroisses ayant massivement communiqué pour la manifestation contre le mariage "ouvert", n'ont jamais exprimé collectivement un sentiment de révolte, de débats, de remise en cause envers les abus sexuels commis en son sein. Aucune manifestation, rassemblement  de rue ou de prière.
Négligeant les victimes, c'est un fait, en protégeant les criminels (non dénonciation durant des années), elle porte atteinte de façon suicidaire à son image.
Rappelons, que dans leur sagesse, les papes ont tous bien précisés que l'Eglise était la première pécheresse. Rappelons qu'il y a eu des "coming out" des mises à l'écart  et des consignes strictes dans la hrarchie depuis Benoit 16 et des milliers de victimes qui ont gagné des procès ruineux pour l'Eglise américaine. 
 Remarque: Le croyant qui est dans position victimaire d'une Eglise "agressée par un monde anticlérical, sans valeurs, athée",  n'observe pas que c'est ce même monde qui reste d'une certaine manière, vigilant et attentif à l'autorité morale de l'Eglise, et des autres responsables religieux.  Respectueux en tant qu'autorité et de cette autorité.
Le jour où le monde n'y portera plus guère d'attention, ou tout au plus que comme un fait divers, c'est que cette symbolique aura disparu.Et là nous aurons changé d'ère!

N'oublions pas que l'Eglise  est bien plus riche et diverse que l'image qu'en donne ceux qui ont manifesté!
45% des catholiques pratiquants  sont favorables au mariage homosexuel selon une étude IFOP en 2012.!
 Le débat n'a presque pas eu lieu dans les paroisses à part des exceptions comme  à St Merri 75001, Paris ou avec  les pères Daniel Diguou ou Guy Gilbert, figure très populaire et depuis incendié dans les sites des blocs identitaires catholiques.

Le débat ne s'est pas ouvert en invitant  les gens concernés.
 La position des chrétiens homosexuels ou des sympathisants voir l'article dans LA CROIX ou le dossier ici , dans LA VIE la cause est peu écoutée, respectée, voir violemment rejetée (je me rappelle cet discussion familiale où l'on m'a demandé d'affirmer mon orientation sexuelle, en fonction de mes opinions). Ces gens sont si convaincus d'être le dernier rempart de la civilisation, de la vérité, et des valeurs éthiques ou morales que le dialogue est très difficile.
Erwann Binet, catholique, rapporteur du projet de la loi, répond dans La VIE:« Le mariage est une belle institution qui assume la sécurité du couple et de la famille. Je souhaite que les familles homosexuelles soient protégées au même titre que les autres. La société ne peut plus faire comme si elles n’existaient pas. »


 Ici, une vibrante lettre d'un homosexuel catholique engagé, Jérôme Musseau (Le Nouvel Obs),  adressé à l'évêque de Paris et les manifestants en Janvier dernier:

"(...)Dimanche, Monseigneur, je prierai aussi pour les quelques milliers d’enfants et d'adolescents qui sont homosexuels et qui ne le savent pas encore, qui défileront dans les rues, emmenés par leurs parents, sûrs de les garder avec eux dans une forme familiale traditionnelle qui doit faire leur bonheur, en les faisant pour une après-midi les objets des désirs des adultes. Je prierai pour eux, en souhaitant qu’ils trouvent un chemin de libération et de bonheur, quelle que soit l’issue des débats en cours, quelle que soit leur famille."

    Je rapelle que les sympathisants ou mariage ouvert aux couples homosexuels, n'imposent pas cette ouverture dans les lieux de culte  

           Cette indignation sélective coûtera cher à l'image de l'Eglise, et ce qu'elle est  dans ce que  certains considèrent comme baroud d'honneur moral et un défi au Pouvoir, où chaque camp compte ses divisions  en vue de prochaines élections.

Toute cette énergie et cette agressivité dépensée, comme pour le Pacs,  qui concerne quelques milliers de foyersLes 2-3 premiers mariages gay feront un buzz pas possible dans les médias et paroisses, et après les politiques trouveront un autre cheval de bataille d'actualité. Dans 10 ans on en parlera comme on parle du Pacs aujourd'hui. C'est un immense gachis. Nous, croyants, avons tellement mieux à montrer et à offrir au monde!

Sophia Aram - ou comment dialoguer avec les opposants au "mariage pour tous".


Sophia Aram par franceinter le 21 11 2012

"Ya pas d'ovaire dans le frigidaire!"
Un peu d'humour  avec les opinions  et slogans  réels des manifestants!

Quand on entend ce mardi 26 mars sur RMC  les propos menaçants de Christine Boutin, dans ce "Printemps francais"ou l'on preparait  un sit-in(voir l'article sur LeMonde.fr) :"« S'il y a une prochaine manifestation, j’y serai, et il y aura du monde, la mobilisation sera là, prévient la présidente du PCD. Et cette fois-ci, il n'y aura pas de poussettes, il n’y aura pas d’enfants. Ceux qui viendront seront peut-être moins nombreux, mais ce seront des gens beaucoup plus déterminés »....." Avant de conclure par un "ca va péter!" 

Il y a là une vraie question sur la pertinence, la tournure que prend ce combat et ses représentants. 
Exciter des foules aux convictions religieuses très ancrées, n'est pas très responsable.
 

vendredi 22 mars 2013

De la Liberté des Peuples par Bernanos


"il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre".

Georges Bernanos

Bella Ciao, le chant des Partisans italiens

Bella Ciao est une chanson italienne. D'origine protestante piémontaise, traditionnelle et populaire elle connut une multitude de versions à travers les époques, souvent de tons protestataires. Elle fut chantée par les "mondine", des femmes travaillant dans les rizières de la plaine du Pô, puis devint le chant des partisans italiens.
Alla mattina appena alzata
O bella ciao bella ciao bella ciao, ciao,ciao
Alla mattina appena alzata
In risaia mi tocca andar

E fra gli insetti e le zanzare
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
E fra gli insetti e le zanzare
Un dur lavoro mi tocca far

Il capo in piedi col suo bastone
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Il capo in piedi col suo bastone
E noi curve a lavorar

O mamma mia o che tormento
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
O mamma mia o che tormento
Io t'invoco ogni doman

Ma verrà un giorno che tutte quante
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Ma verrà un giorno che tutte quante
Lavoreremo in libertà.
Traduction:
Le matin, à peine levée
O bella ciao bella ciao bella ciao, ciao,ciao
Le matin, à peine levée
À la rizière je dois aller

Et entre les insectes et les moustiques
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Et entre les insectes et les moustiques
Un dur labeur je dois faire

Et le chef debout avec son bâton
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Et le chef debout avec son bâton
Et nous courbées à travailler
O Bonne mère quel tourment

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
O Bonne mère quel tourment
Je t'invoque chaque jour

Mais tu verras qu'un jour toutes autant que nous sommes
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Mais il viendra un jour où toutes autant que nous sommes
Nous travaillerons en liberté.

              Hommage, pour la journée de la Femme, aux femmes du monde, toutes les petites mains invisibles, dos courbés, cassés à nettoyer, nourrir éduquer, aimer....

Ce qui est intéressant dans ce texte c 'est son origine, son histoire, au delà des récupérations politiques. Le cri originel de ces gens dignes qui ne doit pas être galvaudé parce qu'il a été instrumentalisé.
Ce qui frappe aussi, c'est la force des images, des rythmes, la force des mots, du verbe, de la poésie. C est pour cela qu'un poète fait parfois plus peur à un dictateur que n'importe quel autre opposant. Que son idée, dépasse les individus et peut amener à renverser les tyrans.

Une idée est plus forte que quelques hommes, qu'un peuple!
Voyez par exemple Soljenitsyne:

"Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre"

"Nul part, Aucun régime n'a jamais aimé ses grands écrivains, seulement les petits"

Dieu, l'Homme et le péché, par Omar Khayyam

Quel homme n'a jamais transgressé Ta Loi, dis?
Une vie sans péché, quel goût a- t- elle, dis?
Si Tu punis le mal que j'ai fais par le mal,
Quelle est la différence entre Toi et moi, dis?

Omar Al khayyam.


Toute la provocation dans ce mélange de sagesse et d'impertinence d'un des plus grand poète et savant perse.  

Mon interprétation sur ce poème est très paradoxale vis à vis de l'approche de Khayyam lui-même  sur l'Islam (dans un monde chiite et non sunnite). Mon inspiration en est donc très personnelle et libre.
Cette méditation (qu'en est il du sens en perse?), exprime de façon sous-jacente, selon moi  un espoir une foi en la certitude d'une Miséricorde au delà de l'Homme

L'Homme interpelle Dieu et lui demande de tenir son rôle de Dieu: être au dessus des lois des Hommes.  Dieu ne doit pas réagir comme le ferait un homme, au risque de ne plus croire en Lui et de briser cette Espérance du croyant en une transcendance et une Justice au delà des Hommes.
 Quand à chaque prière, un musulman implore le Clément et le Tout Miséricordieux il s'agit de se mettre sous ce regard céleste d'infinie clémence et pardon. Au delà de toute imagination et logique humaine. (voir cette page de Hadiths et Versets du Coran au sujet de la Miséricorde)


L'Homme interpelle l'Homme! et lui demande de ne pas se contenter de son jugement  humain, de ses réactions "primitives", mais de tendre vers  cette Miséricorde infinie, comme exemple. De s'arracher à sa condition.
 
Aussi, l'homme, Khayyam, s'interpelle lui-même sur le sens de sa vie  en tant qu' Homme et sur sa liberté envers Dieu  et envers les Hommes.
Par cette remarque sur le goût du péché, telle une saveur typiquement, pleinement humaine, sub-céleste, Khayyam, demande la Miséricorde divine à un Dieu (le considérant Créateur) qui nous Connait pleinement dans notre Humanité collective et pleinement intimement, dans nos petites humanités
Il ne peut nous demander d'être d'une autre nature (des anges).  D'une certaine manière,  et là est l'insolence merveilleuse, il lui demande d'assume ce qu'Il a crée!

Khayyam, bon vivant, dirons nous,  invite à une miséricorde envers nous-même (voir combien il peut être impossible de ne pas "pêcher". Et  voir  combien, même,  il peut être savoureux, tentant ou soulageant de "pêcher").
Il demande à l'Homme d'assumer pleinement son rôle d'Homme.

je précise, que j'ignore ici l'étendue de la définition du mot "péché" chez Khayyam. La langue perse  est pleines de subtilités et sa poésie très complexe (écoutez un jour Charles-Henri de Fouchécour, un des plus grands savant mondiaux de la langue perse,  nous en expliquer la saveur et la profondeur).
J'utilise alors ici le mot de façon très générique. Chaque lecteur aura sa propre définition de ce qui est bon/mauvais pour soi même et pour autrui.

Khayyam invite l'Homme à ne pas juger l'autre, ni soi-même. A devenir Miséricordieux tout comme son Dieu.
Et il adjure Dieu de tenir sa position de Tout Miséricordieux!
 
En 4 vers, Khayyam  arrive à exprimer  toute  le paradigme d'un croyant: Sa relation à Dieu, aux autres. Son aspiration, son cri!
Un formidable Crédo que croyants ou non  peuvent tous autant apprécier!