dimanche 19 octobre 2008

LE CLEZIO, l'ecrivain cosmopolite de la rupture et de l'errance

«Je n'ai jamais cherché que cela en écrivant : communiquer avec les autres.»

Le jury du Prix Nobel de littérature a visé juste en choisissant cette année
J.M.G. Le Clézio. Il est le lauréat idéal pour ces "temps maudits, peuplés de gens baroques, qui jouent dans la brume à des jeux déloyaux", comme disait Aragon. Face aux dérives de la planète, face aux folies de Wall Street, Le Clézio est là avec une grande lucidité sur les maux qui ravagent le monde, avec son refus de l'injustice et du racisme et, en même temps, avec sa faculté de s'échapper de ce monde en regardant les galaxies, en parcourant le globe, en regardant le visage de l'Autre et en se souvenant, grâce à sa plume magnifique, que des utopies peuvent resurgir si on le veut bien.

Sa planète n'est pas celle de Lehman Brothers mais celle des gens qu'il a croisés en errant de l'île Maurice à Nice, du Mexique à Haïti, du Sahara à la Bretagne. "Ces voyages, nous disait-il, ce doit être ma recherche des visages de l'Autre et de la liberté du regard, ce n'est nullement l'envie de fuir."
Le jury du Nobel a trouvé les mots. Il salue en lui "l'écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante".

Le Clézio "est parvenu à intégrer d'autres civilisations, d'autres modes de vie que celui des occidentaux, dans son écriture", a expliqué le secrétaire permanent de l'Académie suédoise, Horace Engdahl, saluant un "écrivain cosmopolite".(lenouvelobs.com)

Un point de vue pour comprendre sa pasion des déserts:
http://www.maulpoix.net/Desert.html

autres citations:
«Le silence est l'aboutissement suprême du langage et de la conscience.»

jeudi 16 octobre 2008

En chinois, crise et chance sont le même idéogramme!


Dans la langue chinoise : l'idéogramme "crise" signifie à la fois danger et opportunité.
- La notion chinoise s'ouvre donc sur les deux versants : d'un côté un danger majeur et de l'autre une possibilité de se sortir d'une impasse ou de saisir sa chance.

La crise financière le Pape et le Coran.

Editorial incroyable de l'hebdomadaire CHALLENGES du 11 Septembre 2008
André Comte-Sponville, philosophe, nous l'a redit à satiété : le capitalisme ne peut pas être moral, ni contre la morale. Il est tout simplement amoral. L'économie et la morale relevant, au sens pascalien, de deux ordres différents, tenter de conjuguer les deux ensemble relève du «barbarisme», rappelle l'auteur de l'excellent essai Le capitalisme est-il moral ? (éditions Albin Michel). Mais même pour ceux qui ne croient pas à l'ordre divin, quelle tentation, au moment où le pape est en visite en France, de chercher quelques repères sur l'économie dans les textes du Vatican.
Notre chroniqueur Robert Rochefort, qui cache derrière ses fonctions de directeur du Crédoc un attachement à la tradition des chrétiens sociaux, n'a pourtant rien trouvé de très récent en provenance de Rome (lire page 61). Rien en tout cas de très important depuis 1991, quand Jean-Paul II s'était essayé à l'économie dans son encyclique Centesimus annus, et qu'il y avait donné une justification du profit du bout de la crosse : la pierre angulaire du capitalisme y était reconnue tout au plus «comme un bon indicateur du fonctionnement de l'entreprise».
En réalité, et Benoît XVI nous pardonnera, au moment où nous traversons une crise financière qui balaie tous les indices de croissance sur son passage, c'est plutôt le Coran qu'il faut relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n'en serions pas là. Il ne faut pourtant pas voir la finance islamiqu
e comme un exercice de troc moyenâgeux, car les pays du Golfe nous ont montré combien leur mentalité entrepreneuriale savait épouser le XXIe siècle. Simplement, leurs banquiers ne transigent pas sur un principe sacré : l'argent ne doit pas produire de l'argent. La traduction de cet engagement est simple : tout crédit doit avoir en face un actif bien identifié. Interdits, les produits toxiques; oubliés, les ABS et CDO que personne n'est capable de comprendre. Autrement dit, l'argent ne peut être utilisé que pour financer l'économie réelle. Il n'y a donc pas de hasard : si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprime, c'est qu'elles n'y sont pas entrées. Le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu'il s'agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n'ont ainsi pas le droit de s'endetter au-delà de leur capitalisation boursière; quant aux personnes physiques, elles ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Voilà des règles qui ne peuvent pas nuire. Et même si elles reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l'actualité.
Beaufils Vincent

Analyse sur le site Musulman Al Kanz:
Crise financière et récession : C'est plutôt le Coran qu´il faut relire!


Consacrant son éditorial du 11 septembre dernier, "Le pape ou le Coran", à la crise financière qui ébranle le monde et à la venue du pape Benoît XVI en France, Vincent Beaufils surprend. Revenant sur l´ouvrage d'André Comte-Sponville sur la morale et le capitalisme (/Le capitalisme est-il moral ?/), l´éditorialiste congédie le pape et les textes pontificaux... pour inviter à lire le Coran. 'C´est plutôt le Coran qu´il faut relire', écrit-il. Car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n´en serions pas là.


Mieux, il rappelle l´actualité fracassante d´une conception très moderne de l´économie, celle de la finance islamique. Il suffit selon lui de voir comment les pays du Golfe ont 'épousé' avec succès le XXIe siècle. Leur recette miracle : *la règle islamique qui veut qu´on ne fasse pas de l´argent avec de l´argent. L´islam proscrit en effet très sévèrement toute transaction basée sur l´intérêt et l´usure (rîba). Rien ne justifie le recours à rîba pas même l´émission d´une fatwa fantaisiste permettant le recours au crédit immobilier qui fait fureur chez les classes moyennes en France. La sacralité de ce principe est tel qu´en islam rîba fait partie des grands péchés, puisqu´elle est ni plus ni moins une abomination.
Abomination qui fait sentir tous ses effets depuis plusieurs mois,
notamment aux États-Unis ou des millions de pauvres gens, des familles entières, se sont retrouvés du jour au lendemain sur le trottoir, SDF. Comme le relève d´ailleurs Vincent Beaufils lorsqu´il précise que 'si les banques du Golfe sont sorties indemnes de la crise du subprimes, c´est qu´elles n´y sont pas entrées.

Et d'appuyer là où ça fait mal: le respect de ce principe du Coran est également fort utile dans la relation que chacun entretient avec l'argent, qu´il s´agisse des entreprises ou des particuliers : les personnes morales n´ont ainsi pas le droit de s´endetter au-delà de leur capitalisation boursière ; quant aux personnes physiques, elles
ne peuvent de facto souffrir de surendettement. Pour finir sur un jugement sans appel : 'même si [ces règles] reposent sur un texte qui date du VIIe siècle, Benoît XVI aura du mal à faire des sermons davantage puisés dans l´actualité.
Surprenant non ?

Qu'est ce que la finance islamique?

La finance islamique, en accord avec l'éthique de l'islam, est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concrêt associé. L’Islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (massir).

Le Débat en France:
La France va adapter sa fiscalité pour mieux accueillir la finance islamique. C'est l'objectif fixé hier par Christine Lagarde à l'occasion du rendez-vous annuel des professionnels de la place de Paris. Personne ne s'en cache : il s'agit de capter une partie d'un gros gâteau de plus de 4.000 milliards de dollars.

ecouter l'interview du 3 Juillet 2008 sur RTL de Christine Lagarde

La Finance Islamique vue par Christine LAGARDE, ministre de l'Economie et des Finances de France.
"Nous adapterons notre environnement juridique pour que la stabiliteé et l’innovation de notre place financière puissent bénéficier à la finance islamique et rendre ses activités aussi bienvenues à Paris qu’elles le sont à Londres et sur d’autres places."
Christine Lagarde – 02.07.2008

La Finance Islamique en France en débat au Sénat et son compte rendu vidéo.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Née dans les années 70, la finance islamique a pour but de développer des services bancaires et des produits financiers compatibles avec les prescriptions de la loi coranique. Acteur peu connu de la finance mondiale il y a encore quelques années, la finance islamique connaît aujourd'hui un développement appelé à perdurer au regard, notamment, des liquidités actuellement présentes dans un certain nombre de pays musulmans, et de la forte demande pour des produits compatibles avec la Charia. Cette croissance suscite un vif intérêt, y compris en Europe, où plusieurs pays s'interrogent sur la manière d'intégrer cette finance alternative aux cotés des activités conventionnelles. Le Royaume Uni fait figure de proue sur ce sujet depuis 2004, en proposant à la communauté musulmane une offre de services adaptée, et en faisant de la City la place européenne de référence en matière de finance islamique. Suite à son rapport d'information sur « Le nouvel « âge d'or » des fonds souverains au Moyen-Orient » d'octobre 2007, dont une partie était consacrée à la finance islamique, la commission des finances du Sénat souhaite apprécier l'opportunité et les modalités pour la France de s'insérer sur ce marché en plein essor. Dans cette perspective, nous serons particulièrement attentifs aux échanges et aux propositions qui se dégageront de ces tables rondes réunissant experts et professionnels reconnus.
Jean Arthuis

FORUM FRANCAIS DE LA FINANCE ISLAMIQUELE DEVELOPPEMENT DE LA FINANCE ISLAMIQUE SUR FOND DE CRISE FINANCIERE MONDIALE (thème 2008)
Nous vous invitons à participer au II Forum Français de la Finance Islamique, qui se tiendra le 26 novembre 2008 dans les salons de la Maison des Arts et Métiers à Paris.
Organisé par la Chambre de Commerce Franco-arabe et Secure Finance, ce forum s’impose comme l’événement majeur de ce second trimestre.
Il réunira experts et professionnels unanimement reconnus, pour approfondir les principales problématiques de la création et de l’essor, national et international,
de cette Finance Islamique « à la française », pour échanger, sur la base d’exemples et de retours d’expérience concrets, esquisser, enfin, les perspectives de partenariats franco-islamiques.
http://www.ccfranco-arabe.org/files/01.forum%20fr-ang.pdf

Finance Islamique France:
Finance Islamique France est le premier site français exclusivement consacré à la finance islamique, à sa position dans le système financier mondialisé et à ses perspectives de développement, en France et en Europe.
Finance Islamique France a aussi pour but de faire découvrir l'ouvrage collectif "La finance islamique à la française: un moteur pour l'économie, une alternative éthique". Sa date de parution est prévue à la rentrée prochaine.

Un exemple concret sur les offres de produits financiers islamiques dans des banques françaises.
Retour sur les produits islamiques de la Société générale
Finance islamique. Vous avez été nombreux à vous interroger sur les produits financiers proposés par la Société générale, via sa filiale, la BFCOI, aux musulmans de l’île de la Réunion (voir Finance islamique en France : lancement des premiers placements). Marouane Mohamed, ingénieur en mathématiques financières à Londres, revient pour Al-Kanz sur ces deux produits, le SGAM AI Liquidités et le SGAM AI Baraka, en quoi consistent ces produits.

La Société Générale est devenue actionnaire de la BFC en 2003 à parité avec la MCB (Mauritius Commercial Bank), et en contrôle le management avec Roger Munoz (Directeur Général) et Xavier de Mascarel (Directeur Commercial). La BFC fait partie intégrante du réseau de la Banque Hors France Métropolitaine (BHFM) de la Société Générale, dirigé par Jean-Louis MATTEI.
Jérôme Pignolet de Fresnes répond en exclusivité aux questions de Finance Islamique France au sujet des premiers produits islamiques lancés en France par la BFC

autre article sur SAPHIRNEWS.COM

La surréaction des politiques aux sifflets du match France-Tunisie.

Edito politique sur France Inter de Thomas Legrand u 16/10/08.

Nombreuses réactions politiques hier après le match France-Tunisie au cours duquel la Marseillaise a été sifflée.
On se souvient que Nicolas Sarkozy avait été choqué -il l'avait dit- par la timidité de la réaction des ministres quand il y avait eu pareille bronca, lors de précédents France-Algérie et France-Maroc. Du coup, la journée d'hier s'est déroulée dans la démesure et la sur-réaction - ça n'a été qu'une série de surenchère de déclarations outragées de ministres et de parlementaires, qui s'enveloppaient dans le drapeau tricolore pour bien se mettre sur la longueur d'onde du coup de menton présidentiel. Ça commençait par le premier ministre qui regrettait que le match n'ait pas été annulé. Puis, il y a eu la convocation à l'Elysée du Président de la fédération française de foot et du couple Bachelot-Laporte. Dans l'après-midi, emportée par l'émotion, Roselyne Bachelot se prenait pour l'écrivain nationaliste Paul Déroulède allant jusqu'à dire qu'il n'y aurait plus de match contre les pays « responsables »... avant de se reprendre ! Un peu plus et madame Bachelot allait convoquer l'ambassadeur de Tunisie, dès l'aube au jardin du Luxembourg, pour un duel au sabre qui laverait l'affront ! La palme du commentaire insensé revient sans doute au député UMP Lionel Lucas : « quand on a la chance d'avoir été accueilli dans un pays qui vous permet d'avoir le ventre bien rempli, on le respecte. Tous ceux qui ont sifflé devraient faire leur valise.» Si on veut que toutes les Marseillaises de tous les matchs soient désormais sifflées, on ne peut pas mieux s'y prendre ! La ministre de l'intérieur promettait aussi de retrouver les coupables ! Les coupables d'avoir sifflé ! Dans la soirée, plusieurs membres du gouvernement qui s'étaient rendus compte du ridicule des réactions mettaient des bémols aux projets d'annulation de matchs. Tout ce tintouin cocardier faisait bien trop d'honneur aux quelques milliers de supporters abrutis. La première réaction de Bernard Laporte (avant l'étranglement de colère patriote obligatoire) avait pourtant sans doute été la bonne. Il avait dit qu'il serait ridicule de ne pas jouer contre certains pays mais qu'il fallait jouer les matchs en province, dans des petits stades de 20.000 places.

Ce serait donc une question de malaise des jeunes issus de l'immigration, notamment ceux de Seine-Saint-Denis, là où se trouve le stade de France ? Il ne s'agit pas de trouver d'excuses à ces sifflets qui n'avaient rien à voir avec un quelconque refus libertaire du nationalisme. C'était soit de la pure bêtise de foule (la pire) soit la manifestation hostile d'un autre nationalisme, celui qui reflète un repli communautaire, un nationalisme de sa propre origine contre le nationalisme du pays qui est le sien maintenant. Bon, mais une fois que l'on s'est bien indigné, une fois qu'on interdit des matchs, on s'est soulagé et on a cassé le thermomètre. Alors, on pourrait se poser quelques questions. Ce qui est lassant c'est qu'on redécouvre la lune à chaque fois. Alors allons-y... un sentiment d'isolement dans des cités lointaines et hors d'accès, une discrimination à l'embauche, à l'accession au logement, un chômage récurent, bref une vie de ghetto sans perspectives. Seulement, il se trouve que la remise en cause des ghettos n'est plus au goût du jour. La politique sensée favoriser une mixité sociale semble en panne. Hier, au Parlement, lors des questions au gouvernement, le moment où le sujet qui nous intéresse a vraiment été traité, n'est pas le moment où madame Bachelot s'est dressée pour sauver la patrie outragée. Mais c'est un peu plus tard, quand Jean-Christophe Lagarde, maire centriste de Drancy, a demandé au gouvernement de revenir sur son projet d'assouplissement de la loi SRU, cette loi qui oblige chaque ville à avoir au moins 20% de logement sociaux.

Mc Cain et les Arabes.

Mc Cain répond à une femme, lors d'un meeting du Minesota cette semaine, qui lui demandait si Barack Obama était un Arabe et donc qu'on ne pouvait lui faire confiance...
Et sa réponse fut édifiante:
"Non, ce n'est pas un Arabe, c'est un homme bien, un bon père de famille..."
Etre Arabe serait-il l'opposé d'un homme bon...?

Lire l'article paru dans LETEMPS.CH qui résume le passage à l'offensive politique des Républicains dans une dimension raciste.

Albert Einstein....no comment!

"Si l'idée n'est pas à priori absurde, elle est sans espoir."

Comment le peuple juif fut inventé : De la Bible au sionisme, par Shlomo Sand

C'est la seconde fois que je présente ce livre, qui sort enfin en France et qui est un Best Seller en Israel en ce moment.
Ce "nouvel historien" d'Israel, déconstruit le mythe du Peuple-race Juif. C'est à méditer sur tous les autres mythes fondateurs de nations ou Peuples (les Gaulois, les Teutons, la Oumma Arabe etc...)

Présentation de l'éditeur

Quand le peuple juif fut-il créé ? Est-ce il y a quatre mille ans, ou bien sous la plume d'historiens juifs du XIXe siècle qui ont reconstitué rétrospectivement un peuple imaginé afin de façonner une nation future ? Dans le sillage de la " contre-histoire " née en Israël dans les années 1990, Shlomo Sand nous entraîne dans une plongée à travers l'histoire " de longue durée " des juifs. Les habitants de la Judée furent-ils exilés après la destruction du Second Temple, en l'an 70 de l'ère chrétienne, ou bien s'agit-il ici d'un mythe chrétien qui aurait infiltré la tradition juive ? Et, si les paysans des temps anciens n'ont pas été exilés, que sont-ils devenus ? L'auteur montre surtout comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les premiers sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d'une nation. Ce détour par le passé conduit l'historien à un questionnement beaucoup plus contemporain : à l'heure où certains biologistes israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d'un ADN spécifique, que cache aujourd'hui le concept d'" Etat juif ", et pourquoi cette entité n'a-t-elle pas réussi jusqu'à maintenant à se constituer en une république appartenant à l'ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion ? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, Shlomo Sand délaisse le débat historiographique pour proposer une critique de la politique identitaire de son pays. Construit sur une analyse d'une grande originalité et pleine d'audace, cet ouvrage foisonnant aborde des questions qui touchent autant à l'origine historique des juifs qu'au statut civique des Israéliens. Paru au printemps 2008 en Israël, il y est très rapidement devenu un best-seller et donne encore lieu à des débats orageux.

Biographie de l'auteur
Né en 1946, Shlomo Sand a fait ses études d'histoire à l'université de Tel-Aviv et à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. Depuis 1985, il enseigne l'histoire contemporaine à l'université de Tel-Aviv. Les Mots et la terre (Fayard, 2006) est son dernier ouvrage publié en français.

Ici une critique du livre sur le blog : chroniques d'une citoyenne-ordi.com

Du Nationalisme...

"Une nation (...) est un groupe de personnes unies par une erreur commune sur leurs ancêtres et une aversion ommune envers leurs voisins"
Karl W. Deutsch
Le Nationalisme et ses Alternatives, 1969,

De l'Education et de la Droite.

«Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance.»
Derek Bok

lundi 13 octobre 2008

Tzvetan Todorov publie"La peur des barbares: Au-delà du choc des civilisations!"

«On ne peut effacer les siècles d'histoire (...) au cours desquels les actuels “pays de la peur” (les Occidentaux) ont dominé les actuels “pays du ressentiment”(les arabo-musulmans)».


Note de l'éditeur:
"Le choc des civilisations, ce serait : les démocraties occidentales d'un côté, l'Islam de l'autre. Deux mondes, figés dans leurs différences historiques, culturelles, religieuses, et de ce fait voués au conflit. Face à la menace, plus de place pour le dialogue ou pour le mélange. Et pas d'autre alternative que la "fermeté". Voire la guerre. Par tous les moyens. Peut-on vraiment s'assurer, lorsque l'on raisonne ainsi, que la barbarie et la civilisation continueront de se trouver du côté que l'on croit ? S'il est impératif de défendre la démocratie, il est aussi crucial de ne pas se laisser dominer par la peur et entraîner dans des réactions abusives. Car l'Histoire nous l'enseigne : le remède peut être pire que le mal." T.T.

Dans une réflexion qui nous fait traverser des siècles d'histoire européenne, Tzvetan Todorov éclaire les notions de barbarie et de civilisation, de culture et d'identité collective, pour interpréter les conflits qui opposent aujourd'hui les pays occidentaux et le reste du monde. Une magistrale leçon d'histoire et de politique - et une véritable "boîte à outils" pour décrypter les enjeux de notre temps


Commentaire d'Hubert VEDRINE, paru dans LE FIGARO du 19/09/08

L'ancien ministre des Affaires étrangères s'interroge sur cette notion de «barbares» souvent utilisée pour qualifier certains acteurs de conflits dans le monde et dont l'essayiste Tzvetan Todorov estime qu'elle est étrangère à la culture européenne.

Tzvetan Todorov voudrait que les Français, les Européens, les Occidentaux cessent d'alimenter ce fameux «choc des civilisations» qu'ils prétendent récuser, s'en libèrent, et voient au-delà. Il met tout son talent qui est grand, sa conviction qui se sent à chaque page, sa culture philosophique qui n'est jamais lourde, à exorciser cette «peur» des «Barbares» (1) qui a envahi les États-Unis, et de là l'Occident tout entier à cause, ou sous le prétexte, du 11 Septembre. Elle a conduit au manichéisme et aux amalgames simplistes de la «guerre contre la terreur», à ne voir les musulmans qu'à travers l'islam, à réduire l'islam à l'islamisme, et l'islamisme au terrorisme, à n'envisager que des réponses en force, à s'interdire toute analyse et riposte politique. Au même moment, l'analyste américain Fareed Zakaria, dans son ouvrage The Post-American World, s'étonne de voir le pays le plus puissant du monde vivre dans la peur de tout et des autres.

Todorov a beau jeu, auprès de tout lecteur de bonne foi, de démonter l'usage historiquement fantasmatique du mot «barbares» - on est toujours le barbare de quelqu'un - d'expliquer que les «identités collectives» ont certes un cœur, mais qu'elles ont toujours été mobiles et n'ont jamais cessé d'échanger et de s'enrichir mutuellement ; que la guerre des mondes, qui paraît fatale, peut être évitée, surtout si l'on sait, s'agissant de la relation incandescente Islam/Occident, «naviguer entre les écueils» .

Pour lui, l'idée européenne - qu'il évoque avec des accents inspirés proches de Jorge Semprun, de Bronislaw Geremek jusqu'à sa mort, et d'Elie Barnavi encore récemment - contient l'antidote à toutes ces dichotomies dangereuses. Elle est fondée sur l'acceptation de la pluralité, non comme un héritage historique handicapant qu'on se résigne à assumer, mais comme un principe politique d'avenir et un atout.
(...)
À ses yeux, «le préalable serait que les élites occidentales cessent de se considérer comme une incarnation du droit, de la vertu et de l'universalité (…) et de se mettre au-dessus des lois et des jugements des autres». Mais cela leur est consubstantiel ! «Le droit d'ingérence militaire, insiste-t-il, risque de faire percevoir les idéaux défendus par les Occidentaux - liberté, égalité, laïcité, droits de l'homme - comme un camouflage commode de leur volonté de puissance, et donc, de les déconsidérer.» Au contraire, recommande-t-il, «pour que la population musulmane des pays (arabes) puisse tourner son attention vers les causes internes de ses déboires, il faut supprimer les causes externes les plus voyantes - celles dont l'Occident est responsable». Et de citer la Palestine, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan. (cf "LA HAINE DE l'OCCIDENT, de Jean Ziegler, 2008)

Même si les réalistes républicains et démocrates essaient de repenser une politique étrangère américaine après les fiascos de l'Administration Bush, pourront-ils aller jusqu'à une telle remise en cause des a priori américains à l'heure où le monde émergent défie la Rome occidentale ? Cela supposerait au moins un rapport Baker-Hamilton pour l'ensemble de la région, pour dire comment réintégrer les réalités et traiter avec tous les «barbares». (chose que le gouvernement français vient d'admettre, alors qeu les Britaniques le font depuis longtemps, en Afghanistan avec les talibans par la voix de M Kouchner et qui contredit les leçons de morale de M Sarkozy).

Quant à la réponse européenne, Todorov a le courage de le reconnaître : même pensée comme une force, la pluralité ne suffit pas. L'angélisme qui consiste à projeter la situation de l'Europe sur le reste du monde est «inadéquat». L'Europe doit devenir une «puissance tranquille». Elle ne peut exclure par principe le recours à la force armée. Todorov est donc plus réaliste que ceux qui rêvent d'une Europe se contentant de son «soft power» (ses normes, son aide, ses conditionnalités, ses discours) et rayonnerait par son exemple démocratique et celui de son modèle social. Reste à en convaincre les Européens. Peut-être l'été 2008 aura-t-il descillé les yeux de beaucoup sur la réalité du monde, bien loin encore de constituer une «communauté internationale» ?