mardi 27 avril 2010

Une parole juive contre l’occupation de la Palestine

une très belle initiative récente et pragmatique publiée le 24 Avril dans l'Humanité, comme celle de mes amis de l'UJFP (Union française, Juive pour la Paix)

Par le CERCLE JUIF POUR UNE PAIX JUSTE (CJPJ)

Comment aller vers une paix juste et durable au Proche-Orient ?
Depuis les accords d’Oslo, plan « de paix » après plan « de paix » – du Quatuor à Annapolis –, toutes les tentatives de négociations ont échoué. Israël a poursuivi sans relâche la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. La lutte de résistance du peuple palestinien lui a coûté des milliers de victimes, de prisonniers. Cependant, malgré des sacrifices inouïs en Cisjordanie occupée et morcelée et à Gaza assiégée et meurtrie, le peuple palestinien ne se laisse pas détruire. Toute femme, tout homme épris de justice ne peut qu’être à ses côtés. La condition essentielle de la paix est une justice pour le peuple palestinien basée sur des fondamentaux :

– respect du droit international, des décisions de l’Assemblée générale de l’ONU ;
– levée du blocus de Gaza ;

– démantèlement des colonies et du mur dit « de séparation » ;
– instauration d’un État palestinien dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ;
– négociations acceptées par toutes les parties pour résoudre la question des réfugiés palestiniens ;
– fin de l’impunité des responsables politiques et militaires israéliens coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Le mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien – dans lequel nous nous inscrivons – a contribué à une prise de conscience sur la situation réelle au Proche-Orient et a popularisé la cause palestinienne dans tous les pays. Le massacre de Gaza par l’armée israélienne il y a plus d’un an a bouleversé le monde et provoqué une immense réprobation. Un mouvement de « boycott, désinvestissement, sanctions » (dit BDS) contre Israël se développe partout actuellement. Cependant, les tensions qui s’aggravent dans les territoires palestiniens ont leurs prolongements dans nos sociétés. L’instrumentalisation de la religion à des fins politiques ou celle du nationalisme à des fins ethnocentristes mènent et mèneront à la catastrophe. Toutefois, l’engagement pour la paix est lui aussi semé d’embûches  : – des militants axent leur combat contre le sionisme en remettant en cause la création d’Israël, refusant de facto le maintien d’un État israélien aux côtés d’un État palestinien  ; ils nient par idéologie la volonté des deux peuples  ;

– des courants d’extrême droite ou intégristes cherchent à instiller un antisémitisme sournois sous couvert d’antisionisme. Avec le camp du soutien au peuple palestinien, nous n’avons et n’aurons aucune complaisance pour ces groupes ;

– il existe également une tendance à rejeter le peuple israélien dans son ensemble, à confondre les dirigeants qui jouent sur les peurs et le peuple qui est ainsi manipulé. Nous ne confondons pas l’occupant et l’occupé, mais nous refusons toute vision manichéenne.

Nous – qui voulons porter une parole juive universaliste – sommes sans exclusive aux côtés de ceux qui, militants anticolonialistes en Israël et résistants en Palestine, œuvrent pour une paix fondée sur l’égalité et le respect des peuples et pour qu’Israël soit, sans discrimination, l’État de tous ses citoyens. Nous nous retrouvons pleinement dans le mouvement international des peuples pour une paix juste, afin de faire pression sur les dirigeants mondiaux et obtenir du gouvernement israélien les changements de politique qui s’imposent.

Dans ce mouvement, nous accordons une place particulière à l’opinion des Français juifs. La soumission du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à la propagande de l’État israélien, son alliance avec des courants nostalgiques du colonialisme, son communautarisme nous paraissent porteurs d’un grave danger d’isolement et de désespoir chez les juifs. La résurgence d’actes antisémites – qui prennent parfois prétexte de la situation au Proche-Orient – est amplifiée par des structures mises en place par la propagande du mouvement pro-israélien qui n’hésitent pas à taxer d’antisémitisme toute critique de la politique israélienne.

L’enjeu actuel est d’aider l’opinion juive à dépasser son soutien inconditionnel à la politique d’Israël et à jouer son rôle dans l’amorce d’une solution de paix juste et durable au Proche-Orient. Nous pensons qu’il est nécessaire que les juifs entendent un discours qui les aide à sortir de cette impasse, de la même façon qu’aux États-Unis les lobbies prosionistes se voient actuellement contestés par des mouvements de juifs pour la paix condamnant la politique d’Israël. Les Israéliens ont naturellement besoin de sécurité  : ils ne la trouveront qu’avec la paix dans la justice.

C’est dans cet esprit que nous proposons un espace de réflexion et de débats où – sur les bases que nous énonçons – des femmes et des hommes pourront se retrouver sans exclusive, dans une recherche d’avancée commune. Sur la base du présent appel, tous les apports seront bienvenus. La paix a besoin de nous tous  !

(*) Doucha Belgrave, journaliste, Michel Bilis, directeur d’hôpital, Hervé Bismuth, enseignant-chercheur, Renée Blancheton-Sciller, retraitée de l’enseignement, Bernard Ebenstein, ancien maître de conférences à l’université de Limoges, Patrick Feldstein, responsable de centre médico-social, Georges Feterman, professeur, Serge Grossvak, directeur de centre social, Christine Jedwab, psychologue hospitalière, Jacques Jedwab, psychanalyste, Danielle Kahn, biochimiste, Roger Kahn, architecte, Jacques Lewkowicz, professeur des universités, Jean-François Marx, cadre de gestion retraité, André Meyer, militant associatif Forum pour un autre monde, Maya Vigier, lectrice-rédactrice, Max Weinstein, ancien résistant de l’Union de la jeunesse juive. Contact : cjpj@googlegroups.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire