C’est une tradition franco-allemande, utile et nécessaire. Accompagnés de leurs seuls ministres des Affaires étrangères, les dirigeants des deux pays se retrouvent à intervalle régulier, toutes les six à huit semaines, pour un dîner informel, une fois en Allemagne, l’autre en France. Ces rencontres – dites « de Bläscheim », du nom de leur premier lieu – permettent d’accorder les violons entre deux capitales dont la connivence est indispensable à l’Europe.
La prochaine devait se tenir lundi prochain, en Bavière. Elle a été reportée, vendredi, à deux mois plus tard, au 9 juin. On lui a substitué, à la hâte, une simple « réunion de travail », avant l’inauguration, ce même lundi, d’un salon de l’électronique à Hanovre, et un autre rendez-vous franco-allemand, prévu pour aujourd’hui, à Paris, entre les ministres des Finances, a également été reporté, hier, sans nouvelle date pour l’instant.
Ces reports ne sont évidemment pas dus aux « raisons d’emploi du temps », invoqués mais à l’existence d’un malaise franco-allemand qui, pour avoir eu des précédents, n’en devient pas moins sérieux.
Les dirigeants des deux pays ont souvent eu besoin, dans l’Histoire, d’un temps d’adaptation, d’apprendre à se connaître pour pouvoir s’entendre. Ce fut, notamment, le cas entre Gerhard Schröder et Jacques Chirac avant qu’ils ne deviennent complices dans la crise irakienne. Depuis l’unification allemande, la France peine, surtout, à s’adapter au nouveau statut international de la République fédérale qui n’est plus le nain politique d’avant la chute du Mur. Tout cela est vrai mais ce qui l’est encore plus est que l’Allemagne et sa chancelière ne se satisfont ni du style personnel ni des manières politiques de Nicolas Sarkozy.
Fille de pasteur, nullement hautaine mais guère habituée aux familiarités débordantes, Angela Merkel n’a pas le sentiment n’avoir gardé les cochons avec le Président français. Elle n’aime pas qu’il la traite en vieille copine. Elle n’apprécie pas de s’être fait récemment interpeller par lui d’un « Hé, Angela ! », lancé à la cantonade. Nicolas Sarkozy heurte son éducation mais le plus grave – encore que… – n’est pas là.
Les Allemands ne supportent pas que Nicolas Sarkozy fasse comme s’il était seul à décider, annonce et consulte ensuite, s’attribue tous les mérites – les traite, en un mot, en quantité négligeable. Ce fut le cas dans l’affaire du nouveau Traité européen comme dans celle des infirmières bulgares. Ca l’est toujours dans celle du projet français d’Union méditerranéenne dont l’Allemagne ne veut pas car elle y voit une tentative d’affirmation nationale au détriment de l’Union européenne.
C’est encore le cas pour ce qui est des critiques françaises contre la Banque centrale européenne car, autant l’Allemagne est favorable au développement d’une politique économique de l’Europe, autant elle admet mal qu’un gouvernement qui ne sait pas tenir ses comptes donne des leçons aux autres et semble vouloir modifier les équilibres institutionnels de l’Union. Ca ne va pas fort.
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