vendredi 22 mars 2013

Dieu, l'Homme et le péché, par Omar Khayyam

Quel homme n'a jamais transgressé Ta Loi, dis?
Une vie sans péché, quel goût a- t- elle, dis?
Si Tu punis le mal que j'ai fais par le mal,
Quelle est la différence entre Toi et moi, dis?

Omar Al khayyam.


Toute la provocation dans ce mélange de sagesse et d'impertinence d'un des plus grand poète et savant perse.  

Mon interprétation sur ce poème est très paradoxale vis à vis de l'approche de Khayyam lui-même  sur l'Islam (dans un monde chiite et non sunnite). Mon inspiration en est donc très personnelle et libre.
Cette méditation (qu'en est il du sens en perse?), exprime de façon sous-jacente, selon moi  un espoir une foi en la certitude d'une Miséricorde au delà de l'Homme

L'Homme interpelle Dieu et lui demande de tenir son rôle de Dieu: être au dessus des lois des Hommes.  Dieu ne doit pas réagir comme le ferait un homme, au risque de ne plus croire en Lui et de briser cette Espérance du croyant en une transcendance et une Justice au delà des Hommes.
 Quand à chaque prière, un musulman implore le Clément et le Tout Miséricordieux il s'agit de se mettre sous ce regard céleste d'infinie clémence et pardon. Au delà de toute imagination et logique humaine. (voir cette page de Hadiths et Versets du Coran au sujet de la Miséricorde)


L'Homme interpelle l'Homme! et lui demande de ne pas se contenter de son jugement  humain, de ses réactions "primitives", mais de tendre vers  cette Miséricorde infinie, comme exemple. De s'arracher à sa condition.
 
Aussi, l'homme, Khayyam, s'interpelle lui-même sur le sens de sa vie  en tant qu' Homme et sur sa liberté envers Dieu  et envers les Hommes.
Par cette remarque sur le goût du péché, telle une saveur typiquement, pleinement humaine, sub-céleste, Khayyam, demande la Miséricorde divine à un Dieu (le considérant Créateur) qui nous Connait pleinement dans notre Humanité collective et pleinement intimement, dans nos petites humanités
Il ne peut nous demander d'être d'une autre nature (des anges).  D'une certaine manière,  et là est l'insolence merveilleuse, il lui demande d'assume ce qu'Il a crée!

Khayyam, bon vivant, dirons nous,  invite à une miséricorde envers nous-même (voir combien il peut être impossible de ne pas "pêcher". Et  voir  combien, même,  il peut être savoureux, tentant ou soulageant de "pêcher").
Il demande à l'Homme d'assumer pleinement son rôle d'Homme.

je précise, que j'ignore ici l'étendue de la définition du mot "péché" chez Khayyam. La langue perse  est pleines de subtilités et sa poésie très complexe (écoutez un jour Charles-Henri de Fouchécour, un des plus grands savant mondiaux de la langue perse,  nous en expliquer la saveur et la profondeur).
J'utilise alors ici le mot de façon très générique. Chaque lecteur aura sa propre définition de ce qui est bon/mauvais pour soi même et pour autrui.

Khayyam invite l'Homme à ne pas juger l'autre, ni soi-même. A devenir Miséricordieux tout comme son Dieu.
Et il adjure Dieu de tenir sa position de Tout Miséricordieux!
 
En 4 vers, Khayyam  arrive à exprimer  toute  le paradigme d'un croyant: Sa relation à Dieu, aux autres. Son aspiration, son cri!
Un formidable Crédo que croyants ou non  peuvent tous autant apprécier!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire