lundi 1 avril 2013

Aaron Jean-Marie LUSTIGER ou le "Métis de Dieu"



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          Un père raconte à son fils la dernière blague qui circule sur lui : "Tu sais pourquoi le grand rabbin est séfarade ? Parce que l’archevêque est ashkénaze !" Jean-Marie Lustiger semble rire de bon coeur à cette énième provocation de son paternel, lequel n’a jamais accepté que son enfant se convertisse et encore moins qu’il embrasse la prêtrise.

A travers « le Métis de Dieu », le réalisateur Ilan Duran Cohen retrace le destin peu commun de ce juif converti devenu archevêque de Paris. « Si j’avais inventé l’histoire de Lustiger, personne ne l’aurait crue », ironise Chantal de Rudder, qui a coécrit le scénario. De fait, quand le petit Aron demande le baptême, il a 14 ans et nous sommes en 1940. Trois ans plus tard, sa mère meurt à Auschwitz. Il intègre le séminaire dès la fi n de la guerre. Mais ce n’est qu’en 1979 que les événements se précipitent. « Lustiger doit à Jean-Paul II d’être passé, en cinq ans seulement, de curé de la porte de Saint-Cloud à « papabile »,résume la scénariste. La force du converti, c’est qu’il a choisi sa foi et, ça, Jean-Paul II l’avait bien compris. »

Au-delà de leurs origines polonaises, le pape et le cardinal partageaient également une même approche, moderne, de la religion. Et exerçaient une véritable fascination l’un sur l’autre. Leur relation sert d’ailleurs de fi l rouge au téléfilm, porté par deux très bons acteurs, Laurent Lucas et Aurélien Recoing.

Empreinte d’amitié, la collaboration entre les deux hommes d’Eglise n’a pourtant pas été de tout repos, Lustiger passant pour quelqu’un de colérique. Probablement à cause de ses blessures d’enfance et notamment cette « double identité », trop longtemps tue. « C’est pour cette raison qu’il s’est arrimé à ce credo : « je suis plus juif que les juifs car j’ai reconnu Jésus et plus chrétien que les chrétiens car je suis juif » », explique Chantal de Rudder. Ce qui fait dire à l’intéressé dans le film : « En devenant chrétien, je n’ai rien renié. Je demeure juif comme les apôtres et Jésus lui-même. » Cette souffrance identitaire, « Monseigneur Bulldozer », comme il était surnommé, va la mettre à profit pour faire avancer le dialogue interreligieux, à l’époque encore balbutiant. L’occasion est toute trouvée avec l’affaire du carmel d’Auschwitz dans les années 1980 -1990, quand des religieuses s’installent au sein du camp, s’attirant les foudres de la communauté juive. Un épisode qui a, semble-t-il, permis à Lustiger d’ oeuvrer à une réconciliation entre juifs et chrétiens.

Pour le reste, « le Métis de Dieu » offre aussi quelques moments plus légers, comme quand Jean-Paul II et Lustiger font la course dans la piscine de Castel Gandolfo (« Ca coûte moins cher qu’un conclave ! ») ou quand l’ecclésiastique se retrouve contraint de prendre des leçons de conduite sur le tard avec une monitrice d’auto-école au bord de la crise de nerfs. Autant de moyens de mieux appréhender une des scènes les plus poignantes du film, à Auschwitz – reconstitué à l’aide d’effets spéciaux – lorsque le cardinal redevient, l’espace de quelques instants, cet enfant qui a perdu sa mère en déportation. Pas une prière ne parvient alors à sortir de sa bouche, ni le Notre Père ni même le kaddish…

Seul regret de la productrice Joëy Faré : avoir dû tourner certaines de ces scènes dans un temple protestant, faute d’autorisation du diocèse de Paris.

Interview  de la scénariste Chantal de Rudder dans TELERAMA





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