mercredi 17 avril 2013

La Filiation Idéale et les Vertueux

"Un enfant n'a jamais les parents dont il rêve. Seuls les enfant sans parents ont des parents de rêve", Boris Cyrunlik

Il y a-t-il une filiation idéale? Qui la détermine?

Le droit "à l'enfant", le droit "aux parents idéaux", le droits des parents...
Ma connaissance du monde catholique classique et traditionnel, mes entretiens et débats m'amènent à poser ces questions et proposer cette réflexion prospective.
Quels sont les couples légitimes au droit à avoir des enfants? Qui évalue et comment évaluer cette légitimité?
 
1-Du "désir égoïste"
On entend  avec violence l'illégitimité éthique (en fait, morale) du "désir égoïste" de parentalité et filiation  des couples et parents homosexuels.
Le problème est-il ce "désir égoïste"? N'y a t il aucun désir égoïste dans les couples hétérosexuels? N'existe-t-il vraiment que chez les homosexuels?
Ce désir égoïste serait le  "problème intrasèque"  officiel, concernant la relation homosexuelle (car il serait une négation de l'altérité, est biologiquement stérile et ne correspondrait pas à notre culture historique) selon les catholiques.
Mais n'y a-t-il pas d'autres formes d'égoïsmes bannis dans l'Eglise? Celle-ci par exemple, considère le divorce comme un péché très grave d'égoïsme qui  excommunie de fait le couple catholique. Faudrait-il alors aussi revenir à l'interdiction du divorce dans la Société, qui permettrait une stabilité du foyer et donner sa chance, en amont, à l'enfant de ne pas être victime des égoïsmes parentaux? et donc revenir aux enfants illégitimes, les "bâtards"?...

Sur ce désir des parents, je réécris cette fin de lettre édifiante d'un homosexuel catholique engagé, Jérôme Musseau (Le Nouvel Obs),  adressé à l'évêque de Paris et les manifestants en Janvier dernier:"(...)Dimanche, Monseigneur, je prierai aussi pour les quelques milliers d’enfants et d'adolescents qui sont homosexuels et qui ne le savent pas encore, qui défileront dans les rues, emmenés par leurs parents, sûrs de les garder avec eux dans une forme familiale traditionnelle qui doit faire leur bonheur, en les faisant pour une après-midi les objets des désirs des adultes. Je prierai pour eux, en souhaitant qu’ils trouvent un chemin de libération et de bonheur, quelle que soit l’issue des débats en cours, quelle que soit leur famille."

Si l'on écoute bien, au fond des discours, les principes moraux sous-entendus des manifestants, il y aurait en fait  tant d'égoïsmes et de situations sentimentales, pathologiques, sociales, culturelles qui devraient  interdire une parentalité!
Finalement, le seul vrai couple tenable, l'idéal se vivrait dans un mariage catholique qui banni le divorce. Et si on laisser cette Eglise gouverner le pays, nous reviendrions à cette époque. Puisque le seul fait d'hétérosexualité ne suffira pas à ces manifestants catholiques comme gageure morale dans la filiation/famille idéale, comment prévenir et anticiper les dérives dans les couples?
 
2- Une solution, le permis de parentalité?
Quelle est donc la solution des manifestants? Une chasse aux sorcières morale?
Il n'est pas tout d'appeler au sang( Barjot, vendredi dernier) et d'imposer une théorie du couple idéal à la Société!

Demanderaient-ils de restreindre au seuls couples de bonnes moralités, moeurs, conditions sociales ou matérielles, le droit aux enfants?(en aparté, exit les célibataire pourtant qui ont déjà ce droit, sans que  F.Barjot, Boutin, Mrg23 n'aient manifesté).

On peut se rendre compte tout un chacun comme l'on est choqué parfois par l'irresponsabilité de parents, ou les doutes que l'on peut avoir sur de futurs parents...
Ce sont des questions sur les carences éducatives, affectives (handicapés, détenus, drogués, pauvreté). La DASS retire des enfants aux parents. Il y a des gles, des lois. La Chine dans sa politique de contrôle des naissances  accorde des droits et donne des pénalités (citadins/provinciaux) sur le nombre d'enfant par foyer. Sans compter les stérilisations chirurgicales subventionnées voir forcées ( sous couvert d'autres interventions,  comme en Afrique). 

Faudrait-il alors un permis de moralité pour accéder à la parentalité, justifiant des bonnes moeurs ou vertus afin de protéger, par avance l'enfant, risquant de vivre un calvaire , conséquences du désir égoïste des parents? Pour caricaturer volontairement, faudrait il castrer chimiquement  les gens "impurs"ou "indignes" si l'on ne peut les convertir ou contraindre (ou comme le dit Boutin, demander aux homosexuels de se marier dans une relation hétérosexuelle de façade, ce qui est abjecte de mensonge et de trahison, mais est-on étonné de ses propos...)?
Glissement vers une Société du "pré-crime" moral! Ira-t-on prévenir et déceler les perversions sexuelles, les incapacités matérielles, psycho, physico et culturelles avant un projet parental? Irons nous faire des analyses génétiques, tests psycho, enquètes de voisinage, verifier les diplômes,  fiches salariales et d'imposition comme pour l'éligibilité d'un locataire ou d'un emprunteur? 
On y arrivera un jour, et le pire est déjà là: certains "scientifiques" américains disent avoir découvert le gêne de l'homosexualité...Et comme pour ces mêmes, il s'agit d'une maladie dont la foi et la volonté peuvent guérir...

Peut-on interdire à l'Amour le désir d'enfant?
Quelles seraient les conséquences juridiques en cas d'infraction à leur loi?Une amende ou de la prison? La justice retirerait les enfants à leurs parents illégitimes?  
La loi est amorale, areligieuse, et protège le faible, sans distinction, par principe, en théorie (rien n'est parfait). Le discours du maire rappelle les responsabilités morales et juridiques  du couple quand il se marie. Cela suffit globalement. Et c'est la demande des couples homosexuels!

3-Police de la Vertu
Malheureusement ni la loi ni la religion n'arrêteront les perversions, d'où les limites de la peine de mort. Par contre, la chasse aux bonnes moeurs, elle, n'a jamais de limites. Demandez  à la police des "moeurs et de la vertu",  aux femmes saoudiennes...! Avec ironie, je dirai: Barjot à l'UOIF, c 'est "l'internationale obscurantiste"! Un jihad commun...?
"L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête" nous explique Blaise Pascal dans ses Pensées. A force de déchirer  ou noircir les pages des revues de modes importées, aux douanes, , on se demande qui est le plus obsédé? Le peuple ou les censeurs? 
"Redoutable est la tentation d'être bon"(Bertolt Brecht)!
Ou sont passés la charité, la Miséricorde et la Paix chez ces manifestants catholiques? la confiance en l'Homme, malgré ses défauts? Le monde est il si manichéen pour eux? Condamné d'avance, figé? Les leaders des manifs enseignent aux jeunes le "bisounours  gender", monde binaire du Bien et du Mal. Ils en font des moutons immatures à ne plus penser (récurrents dans les manifestations). Sans leur donner des outils pour comprendre, affronter les subtilités et complexités des vies intérieures, de la psyché humaine , des relations humaines. Et ils en font surtout des bêtes à bien  voter!

Qui est égoïste, qui est violent dans cette dramaturgie de Société à occuper ou détourner les esprits? Un idéal moral de Société ne s'impose pas. Au mieux, il se propose et surtout commence, comme la charité, par soi-même. Sinon il finit dans un bain de sang comme toutes les Révolutions.
Ce sang appelé par un certain leader.

6 commentaires:

  1. Tu poses des questions  en te rapprochant de  l'autre autrement par quelque chose qui doit être codé,  par le dire et le faire. 
    C'est une écoute, d’un respect de l'autre, d’une acceptation que tu écris en langage en 'Entrecroisant des discours qui viennent de champs différents réunis par ce meme langzge 
    mais tu sais tres bien que la langue s’entend différemment selon le champ où l’on se trouve.
     la filiation est distincte de la sexualité car amour n'est pas sexualité. “ Accepter sa filiation, dit Tony Anatrella, c'est être capable d'aimer à son tour. elle ne se fonde pas sur l'engendrement.  Quand Les parents ne sont pas les géniteurs  tout le monde accepte l'idée qu'ils n'en sont pas moins pour autant les parents. Les géniteurs et des parents ne sont pas les mêmes mais les deux  existent.
     L'enfant n'a qu'une histoire et il est préférable qu'il n'y ait pas de trou, de non-dit, de mensonges, de secret, dès l'origine.
    Les enfants qui grandissent avec leurs  parents homosexuels connaissent leur origine et leur histoire , ne seront amputés d'aucune affection ni instruction  .Et après tout, si on les laissait choisir!!!
    Néanmoins la ou il faut faire attention concernant la PMA , la ou Les scientifiques ont une lourde charge envers l’humanité. Le passage à la création d’un être humain sans avoir recours à la sexualité semble dépassé et pose la question de toutes les dérives filiatives que l’esprit humain peut inventer. 

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    1. Très juste!
      Questions:
      La stérilité est une fin en soi?
      L'Amour , en stérilité biologique est-il condamné?
      Chaque enfant n'a qu'une histoire? "Il est préférable de"... Mais chaque enfant supporte les non dits d'histoire, d'éducations qui dépassent même le désir, la volonté et les précautions bienveillantes des parents. Qui décidera d'interdire, quelles peines? quels droits? Le danger réside tout autant dans les interdits que dans les dérives (à définir).
      On est au dessus des réponses avec les slogans de la rue...

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  2. Précision Anatrella est contre le mariage homo ,,je lui Ai repris sa citation car Paradoxalement elle contredit le propre de ses convictions , de l'amour plus que d'appartenance à un modèle défini
    J'ai croise et suivi durant ma carrière un jeune garçon séquestre des mois et des mois par sa maman dans un placard ! Son père était témoin complice par le silence , comment es possible me dira t on ?! Ce garçon qui n à aucun retard mental souffrait de ce traumatisme et surtout des carences affectives et éducatives dont tu parles .
    J'ai réussi dernièrement à lui faire accepter l'idée du handicap psychologique afin de prétendre à une reconnaissance et pouvoir par la suite trouver un formation adaptée
    Nous avons fini notre discussion par sa réflexion sur le modèle parental , il m à dit : vous savez docteur , et bien moi je pense que les parents s est fait pour aimer son enfant et rien d'autres, ))
    Je rajouterai , de l amour rien que l'amour , du genre humain on s'en fout!

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    1. "Et si on essayait l'Amour"
      Exhortation folle d'Haneke pour son film Amour.
      Qui effraie les manifestant qui pourtant crient que Dieu est amour... un absolu divin restreint par les angoisses humaines.

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    2. Amour est un huis clos extraordinaire de 2 âmes qui se cachent pour mieux s'aimer pour mieux mourir ,préserver l'intimité d'une mort dévoile l'intime de l'amour
      L'amour dans les situations les plus extrêmes , le tragique!
      Pourquoi donc priver les personnes humaines de s'aimer Quand tout va bien?

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  3. Votre longue riche analyse me suggère notamment une prolongation méthodologique de l'une de vos observation.
    _ "Egoïsme", "vertu"…
    Oui, penser en termes de morale, de devoir, réduit souvent à la naïveté et aboutit aussi vite à l'intolérance.
    Alors, efforçons nous de laisser de côté les a priori éthiques et les religions, efforçons nous d'appréhender les situations et les choix en termes de psychologie et d'économie, de causes et de conséquences. Cette approche serait sans doute plus instructive, plus productive … et plus "juste". Pour commencer, recherchons dans notre société d'aujourd'hui quel est le plus profitable et le moins redoutable, pour tels et tels enfants présents et à venir. De quelles et études et enquêtes disposons nous pour apprécier ?
    J'imagine qu'il n'y a pas de réponse unique et universelle. Mais c'est ainsi qu'on peut accéder in fine à une morale vraie : celle des conséquences.
    Donc il ne faut pas partir de règles a priori, absolues, si belles, si kantiennes, soient-elles, pour leur obéir mécaniquement quoiqu'il arrive. Partir des situations et des faits, les inventorier, les analyser dans leur globalité et leurs interactions, envisager les différentes solutions, en mettre en balance leurs avantages et leurs inconvénients pour choisir le meilleur, ou humblement (comme en politique), le moindre mal.
    D.Br.

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