lundi 22 avril 2013

La manifestation, les catholiques et les bonnets phrygiens!


"On lache rien!" entonnent les manifestants! Le slogan venant d'un tube d'HK et Samples Saltinbanks alter-gauchos, diffusé en boucle dans les cortèges mélanchoniens et repris sans gène aujourd'hui, de Versailles à Neuilly sur Seine! La musique est chaleureuse, entrainante, et fait vite oublier les paroles et le contexte politique d'origine!
Barjot invite à manifester aux cotés de Melanchon, le populiste d'extrème gauche, après avoir embrassé Maitre Collard, le populiste d'extrème droite hier. 
Jusque là, on n'est pas étonné des affinités politiques et populistes de ce mouvement réactionnaire et conservateur. Je pose la question aux manifestants guillerts:  sentez-vous poindre une confusion? Celle de marcher dans la rue, à droite, avec des symboles très ancrés à gauche? Celle d'une France républiquaine et démocrate appaisée mains dans la main avec des partis extrémistes et populistes?

"Nous devenons des pros de la manifestations, alors que nous n'avions jamais manifesté", entend on sur les ondes. La rue exutoire des rancoeurs (élections perdues, non représentativité proportionnelle parlementaire) devient le modèle  d'expression et d'action pour ces gens, aux visages si dociles en apparence. Cette rue criarde que  les gens de Droite, pourtant haïssait...
L'anti-parlementarisme est une forme de populisme notoire. Rejeter la légitimité de ceux qui nous représentent, les députés de notre assemblée  est inquiétant. A ce jeu l'UMP, qui à fait de ces manif un cataliseur politique et un marqueur idéologique adressé à l'électorat extrèmiste, mène le cortège, au propre comme au figuré. Ce montre aussi comme ce sujet dont on me jurait qu'il n'était pas politique est en fait hyper politisé, les organisateurs eux mêmes créant leur parti et iront proposer des listes aux cantonales! L'UMP n'est pas uniquement porté par ceux qui crient le plus fort. Ceux là, tentent d'exiter pour exister. Comme le disait Marine Le Pen, c'est bien elle qui donne le ton idéologique et les Buissons qui courent après, sans idées, ni projet, la bosse du coup de massue d'une défaite politique et idéologique derrière la tête.

Mais il y a plus étonnant, et des voix s'élèvent enfin. Même au coeur des intellectuels de droite comme l'historien, Jean Sévillia:
"On y voit apparaitre des symboles révolutionnaires. ce qui représentent la Terreur qui a tué tant de gens du clergé et de l'aristocratie:"[...] Le bonnet phrygien, devenu l’emblème du mouvement révolutionnaire en 1790, s’impose fin 1792, son usage culminant jusqu’à la réaction thermidorienne de 1794. C’est-à-dire que ce couvre-chef incarne peu ou prou la Terreur et même la Grande Terreur, qui est sans doute un des moments les plus tragiques de notre histoire.(...)
Quand je vois un bonnet phrygien, je pense à ces prêtres et à ces religieuses que Carrier, à Nantes, déshabillait et liait nus, l’un à l’autre, l’un face contre l’autre pour être précis, sexe contre sexe, avant de les noyer dans la Loire. Ce charmant adepte de l’Égalité appelait cela un « mariage républicain ». Parenthèse : détourner la symbolique du mariage n’est donc pas nouveau… 
"coeur sacré de Jésus" , symbole vendéen contre-révolutionnaire
Quand je vois un bonnet phrygien, je pense à ce curé vendéen à qui des soldats, sans doute partisans de la Fraternité, avaient tranché les deux mains avant de répandre dans l’auge à cochons le contenu du tabernacle de son église. Ce martyr a été retrouvé accroupi devant l’auge, les deux avant-bras collés contre terre afin de tenter d’arrêter l’hémorragie, et lapant dans l’auge, s’efforçant de disputer aux cochons les hosties consacrées. [...]"

"Sans bonnet phrygien, la manif est plus belle..." titre même un site catholique intégriste  visé par une enquète judiciaire  pour connaissances et avoir diffusé  des informations trop précises sur les déplacements des ministres , dans le cadre des actions quotidiennes militantes (cf, le journal du Dimanche de ce week-end).

Le comble de l'ironie et la confusion des symboles poussée au paroxysme est le  bonnet phrygien rose. Rose "gay friendly" attitude. S'attirer la sympathie des téléspectateurs. Camoufler le rouge sang du bonnet par une couleur guimauve,  enfantine, naïve. C'est camoufler le réel d'une violence de l'inégalité en droite et devoir et c'est camoufler l'inversion des symbôles.
Aussi, Barjot invite l'UOIF à manifester. Là aussi, il y a pour l'opinion des manifestants, une confusion incroyable. Marcher à coté de femmes en Niqab? Les inviter dans la rue? (alors que la veille on les interdisait de prier dans la rue et exigeait d'enlever leurs voiles pour être conformes  aux traditions françaises et de  notre laïcité... Belle intégration! Conforme finalement avec les opinions qui se ressemblent...

Avec les appels au sang de la "Rigide Fardeau"(regrettés après, mais est-ce  responsable et suffisant?), on se demande si les cathos utiliseront la guillotine comme symbole de leur combat en Mai prochain!
Le mélange des symboles vendéens et révolutionnaires est inquiétant. Pauvreté des slogans, arguments, une confusion des symboles qui révèle une perte de sens et donc des valeurs.

C'est une régression civilisationnelles que de voir des gens de valeurs catholiques utiliser des arguments et des symbôles païens révolutionnaires. Inviter l'extrème droite c'est inviter des valeurs du néo-paganisme occidental, dans toutes ses composantes contradictoires (régionalistes, nationalistes (avec ou sans l'Europe) sociales nationalistes, royalistes avec Maurras).
Le rassemblement de la "Nouvelle Droite" et de "l'Ancienne Droite", sur les braises de la Révolution, catarsis de la perte de sens et des valeurs de cette partie des français.

Documents:

Perversion homophobe de la démocratieEric Fassin(Sociologue, université Paris-VIII) Paru dans LeMonde du 24 Avril 2013.


(...)On assiste donc à l'inversion rhétorique de la démocratie pour expliquer, voireexcuser l'homophobie, qui sort avec virulence du placard républicain.
(...)Une deuxième explication renvoie à la droite. Sous prétexte de contenir le Front national, elle en reprend les thématiques xénophobes et islamophobes. En réalité, au lieu de toucher à l'empire des marchés, c'est l'interprétation qu'elle offre au peuple de sa colère. La lutte contre l'immigration subie fut ainsi la réponse donnée par Nicolas Sarkozy au rejet par référendum du traité constitutionnel européen en 2005. L'identité nationale n'est donc que l'autre face de la politique néolibérale. C'est d'ailleurs faute d'avoir rompu avec les options économiques de la droite que la gauche reconduit sa politiqued'immigration.
Quel rapport avec le mariage pour tous ? La racialisation de la nation qu'entraîne la course vers l'extrême droite a pour corollaire la biologisation de lafamille. C'est une même bataille pour la naturalisation de l'ordre social qui se joue dans les deux registres. Selon le code civil, la filiation ne définit-elle pas à la fois la parenté et la nationalité ? Le langage des origines s'y déploie simultanément ; et comme pour compenser ce lexique de la "souche" ou du "sang" français, de la "vérité" biologique ou de la "vraisemblance", jamais la droite n'a tant parlé de démocratie.
La troisième raison tient à l'ordre sexuel. Pourquoi l'Eglise catholique s'est-elle engagée dans cette croisade, déjà amorcée en 2011 contre la "théorie dugender(sic) ? L'enjeu, c'est la "démocratie sexuelle" – soit l'extension du domaine démocratique, avec ses revendications de liberté et d'égalité, aux questions de genre et de sexualité. L'ordre social est-il tout entier sujet à la délibération démocratique, ou bien peut-on encore y préserver un fondement qui échappe à l'histoire et à la politique ? Pour les Eglises, la question est d'importance : si la société ne se définit plus par une autorité transcendante, mais s'institue elle-même en proclamant son immanence, quel contrôle leur concédera-t-elle ?
Aussi la nature biologique devient-elle le refuge de la transcendance : contre le mariage pour tous, l'ancien grand rabbin Gilles Bernheim avait emprunté (sans guillemets) l'expression "écologie humaine" à Benoît XVI ; en retour, celui-ci l'a cité au moment de défendre les "forêts tropicales" du mariage hétérosexuel. Sans doute cette contre-attaque, qui confond Dieu avec la nature, est-elle paradoxale : si on la croit naturelle, pourquoi redouter l'effondrement de l'hétérosexualité dès lors qu'elle ne serait plus instituée par l'Etat ? Et qu'est-ce qu'une institution naturelle ?
La hiérarchie catholique aurait pu s'engager dans des combats moins partisans. Ainsi, la persécution des Roms est indifféremment menée par la droite et la gauche ; pourtant, nonobstant la charité chrétienne, il n'en est pas question dans les manifestations et prières de rue. Privilégier la lutte contre la démocratie sexuelle, c'était choisir l'alliance avec l'opposition. Or, en l'absence de discours alternatif à gauche, c'est contribuer à saper la démocratie elle-même : la dérive de l'Eglise légitime celle de la droite qui la cautionne en retour. "Agonie de la démocratie" ? Espérons que la farce de l'inversion ne se répétera pas en tragédie.


La radicalisation s'enracine-t-elle à droite? (Dossier paru dans LeMonde.fr)


Le "printemps français", une voie entre FN et UMP
(...)C'est la démocratie représentative fondée sur le contrat social. Dans la critique ci-dessus énoncée, la gauche est attaquée la première mais la droite modérée ne l'est presque pas moins, tant la pensée contre-révolutionnaire et organiciste d'inspiration catholique voit les deux familles politiques comme résultant de la même erreur doctrinale : le libéralisme. C'est pourquoi les groupuscules d'extrême droite, loin d'être les initiateurs et les penseurs du mouvement en cours, ne font que profiter d'un effet d'aubaine pour gagner des militants et de l'exposition médiatique.(...)Nombre d'acteurs de la radicalisation en cours ne pensent pas autrement. Ils se croient en guerre contre la subversion qu'incarne, selon eux, la gauche. Ils répondent avec le langage et, chez les plus exaltés, les velléités d'action propres à la doctrine de contre-subversion que l'ex-Cité catholique a laissée en héritage. Leur fascination pour la déstabilisation du gouvernement, voire de l'Etat montre qu'une certaine droite n'accepte toujours pas que la gauche, même démocratiquement élue, gouverne. Comme si, malgré l'existence d'une alternance depuis 1981, une frange de notre pays continuait à se voir comme seule détentrice de la légitimité nationale, et rejouait sans cesse le combat des "deux France".

 Un climat politique qui rappelle la fin du XIXe siècle, non les années 1930

D'où viennent ces militants qui, à coups de tweets et de SMS, se réunissent et se dispersent comme des volées de moineaux, quand ils ne cherchent pas à dresser leurs tentes devant l'Assemblée nationale ? Parmi eux, quelques nervis de la mouvance identitaire, sans doute, mais beaucoup plus sûrement les lointains descendants d'un catholicisme de combat né à la fin du XIXesiècle en réaction à l'anticléricalisme d'Etat.
DEUX FAMILLES DE PENSÉE
Cette tendance a donné naissance à deux familles de pensée dont on retrouve les héritiers parmi les durs de l'opposition au mariage pour tous. D'une part, le rameau du catholicisme social, d'abord fortement identifié au royalisme et finalement rallié à la forme républicaine du régime – par fidélité au mot d'ordre de Léon XIII, le pape du ralliement en 1892 : " Accepter la Constitution pour changer la législation." Sensibilité dont Christine Boutin pourrait aujourd'hui se revendiquer.
L'autre obédience prend son essor dans les années 1900 avec les royalistes de l'Action française, chantres du nationalisme intégral théorisé par Charles Maurras. Aisément endossé par la mouvance intégriste, cet héritage est représenté au sein du Printemps français par sa figure de proue, Béatrice Bourges.
Cette dernière a subi la forte influence d'Ichtus, émanation de l'association maurrassienne la Cité catholique. Son appel à une " résistance à la Gandhi éventuellement illégale" peut se décoder comme une allusion au célèbre distinguo, cher à Maurras, entre pays légal et pays réel.
Un feu de paille, le Printemps français ? Possible. En jouant la carte de la radicalité, en instrumentalisant la diabolisation médiatique dont elle est l'objet, cette galaxie catholique espère bien électriser et libérer de ses inhibitions une partie de la droite parlementaire.
Les passerelles existent, comme en témoignent les quelques députés UMP venus apporter leur soutien aux "campeurs" appréhendés le 14 avril devant l'Assemblée nationale. Avant de crier au retour des années 1930, ne faut-il pas d'abord y voir le signe d'une radicalisation politique comparable à l'exaspération antilaïque de la fin du XIXe siècle, lorsque la "République des Jules" luttait contre l'emprise du religieux sur le politique ?

7 commentaires:

  1. "L'abrutissement de masse de ces foules égarées, intellectuellement et culturellement".
    Les crises sont de dures épreuves de vérité. Vous voilà loin de l'accueil de l'Autre et de ses valeurs.
    Ah, il est plus facile d'accueillir les différences des immigrés et des musulmans que l'on ne connait pas que celles des cathos et des tradis que l'on connait trop. Aux premiers, on peut prêter la palme des martyrs, donc toutes les qualités, pas aux seconds. Du coup, reniant votre générosité, vous les réduisez à des abrutis sans idées, ni culture, tous uniformément de droite et à la remorque bien sûr de Marine Le Pen (qui, au départ, répugnait à s'y engager).
    Second problème. Comment accueillir des cultures, des altérités qui se contredisent et parfois se combattent entre elles ? Dans votre "La filiation idéale ...", vous dénonciez le refus de l'amour et de l'homosexualité' chez les opposants au MPT. Oui. Mais avez-vous pensé que nombre d'immigrés et de musulmans d'aujourd'hui, adhérent encore aux mêmes préjugés homophobes que nous autres européens hier, cathos, juifs, agnostiques confondus ?
    Ne pourriez-vous pas accorder aux manifestants trop français de dimanche un peu de l'ouverture que vous sollicitez avec éloquence pour divers étrangers toute l'année ? D'autant qu'ils sont loin d'être tous homophobes, ni, en dépit des récupérations politiciennes, de droite. Ouverts ou indifférents aux affections, pacs et mariages homosexuels, ils peuvent sincèrement s'inquiéter de la faculté consécutive d'adopter. Ils peuvent croire que les bébés ne se nourrissent pas que d'amour et d'eau fraîche, mais se construisent traditionnellement avec deux figures maternelle et paternelle. C'est que, ès qualité "science humaine", enseignait la psychanalyse, avant certes d'être concurrencée par une autre de ces "sciences", la théorie du genre (j'y reviendrai), que vous semblez préférer.
    Autorisation parentale (disiez-vous ailleurs) ? Alors pour tous : et pour les rares homos et pour les hétéros (statistiquement les plus nombreux, donc les plus dangereux). Oui, les adeptes du principe de précaution devraient s'alarmer de ce que l'éducation d'enfants reste la seule de toutes les initiatives et activités engageant autrui à ne pas être subordonnée au moindre contrôle. N'est-ce pourtant pas la plus capitale ? Hélas, hélas, il y a trop de paramètres et d'inconnus pour l'envisager. Alors, réservons la possibilité de préférer une paire de braves mamies lesbiennes à d'exécrables papas-mamans "normaux".
    Dernière remarque : vous qualifiez d"antiparlementarisme" donc de "populisme", une pratique et une culture de la manif … dont la gauche et la jeunesse s'étaient fait une fierté, et souvent avec succès. Je ne peux que vous suivre, mais me pose deux questions. La légitimité des moyens dépendrait-elle de la justesse de la cause défendue ? Les conservateurs contaminés par la modernité des méthodes auraient-ils cessés d'être les culs serrés disciplinés qu'ils étaient ? Si oui, tout fout le camp.
    D.Br.
    PS Je découvre le martyr vendéen que vous invoquez. Oui ; mais ne le craignez vous pas embelli, façon Légende dorée de Jacques de Voragine ?

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  2. Cher Denis,
    Je vous renvoie à un article d'Eric Fassi publié ce jour(!) dans Le Monde:"Perversion Homophobe de la démocratie":
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/22/perversion-homophobe-de-la-democratie_3164401_3232.html

    Puis une étude socio-historique:
    De quoi la manif pour tous peut etre le nom??:
    http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/article-de-quoi-la-manif-pour-tous-peut-etre-le-116892222.html
    Comment a été analysée la Manif pour Tous du 13 janvier dernier ?
    http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/article-comment-a-ete-analysee-la-manif-pour-tou-114567800.html
    C'est que, ès qualité "science humaine", enseignait la psychanalyse, avant certes d'être concurrencée par une autre de ces "sciences", la théorie du genre (j'y reviendrai), que vous semblez préférer":
    deux articles pour vous répondre:
    Philippe Ariño, une pensée de type réductionniste et psychologisante
    http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/page-8421549.html:

    Eric Fassin "la rhétorique de la nature masque mal la naturalisation, et donc l'artifice" (2011:
    http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/page-6152835.html

    En sciences politiques, l'antiparlementarisme de droite ou de gauche est un aspect du populisme.
    François Baroin, ce matin s'est opposé à Copé vivement lui rappelant que l'Ump était un parti de gouvernement.... C'est explicite.

    Lancez un débat sur le droit des femmes en Arabie Saoudite...Vous aurez proportionnellement, les mêmes réactions que nous avons eu chez nous. Et il est probable que vous aurez la meme réaction que la mienne aujourd'hui!

    Parlons concrètement, quelle serait votre solution judiciaire contre ces couples qui, ici ou à l'Etranger feront des enfants?

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  3. Contrairement à ce que prétend le "tract publicitaire" de "la Manif pour tous", la loi ne va donc pas créer des "orphelins légaux de père ou de mère". Il va leur reconnaître et leur donner le père ou la mère que le droit leur refuse aujourd'hui.

    LES MÊMES CONDITIONS D'ACCÈS À L'ADOPTION

    L'argument d'autorité selon lequel cette loi créerait un "droit à l'enfant" apparaît tout à fait incompréhensible au sujet d'un texte qui accorde aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels, sauf à considérer que toute famille adoptive, qu'elle soit homoparentale ou hétéroparentale, s'est constituée sur la base d'un "droit à l'enfant". De même, pourquoi considèrerait-on qu'un enfant adopté par un couple de même sexe serait l'objet d'un "trafic" ou d'une "marchandisation", du désir égoïste de ce couple – triste dessein que les opposants au projet de loi nous prédisent ? Il ne s'agit là à l'évidence que de disqualifier les couples de même sexe et de remettre en cause leur motivation et leur capacité à offrir une famille à un enfant. Rappelons que les couples homosexuels seront sujets aux mêmes conditions d'accès à l'adoption, et qu'il reviendra aux services et aux professionnels responsables de la délivrance des agréments de s'assurer que ces couples – de la même façon que les couples de sexe opposé – offriront un foyer accueillant à un enfant qui n'en a pas.

    Les couples homosexuels mentiront-ils à leurs enfants adoptés sur leur filiation et leur origine ? Si par le passé un certain nombre de couples hétérosexuels adoptants omettaient de mentionner à leurs enfants qu'ils avaient été adoptés, la tendance s'est fortement inversée aujourd'hui. Comment décemment croire qu'un couple de même sexe pourra mentir sur la réalité sociale – et non biologique – de la filiation qui le lie à son enfant ? En quoi cette filiation sociale serait-elle moins valable, moins "véridique", plus "fictive" que celle d'un enfant adopté par deux parents de sexe opposé ?

    Comme la majeure partie des parents adoptifs, les couples de même sexe expliqueront à leur enfant qu'il est d'abord né d'un homme et d'une femme qui ont été ses parents pour un temps, et qu'il a ensuite été accueilli dans sa nouvelle famille. Les possibilités d'accès de ces enfants à leur histoire personnelle ne seront ni plus ni moins les mêmes que celles des enfants adoptés par des couples hétérosexuels – c'est-à-dire non pas dépendantes de la forme d'adoption mais de la disponibilité, de la conservation et du contenu des documents dont disposeront les institutions qui auront servi d'intermédiaires lors de la procédure d'adoption.

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  4. Et 2 voix de plus ...Merci Henri, merci Luc,Comme quoi l'inconscient  , est toujours maître en la demeure ...ou alors, voila 2 députés tellement malins qu'ils ne savent pas distinguer le oui du non
    Merci gay-no  encore une fois!!
    Mieux encore des  sites genre « printempsfrançais » à l'image des printemps arabes ont vu le jour grace a cette loi,comme si la France vivait sous un régime dictatorial
    Avec leur printemps arabe, les Egyptiens et les Tunisiens ont récolté les frères musulmans, le printemps français nous annonce-t-il le retour de l’Opus dei et de l’inquisition ? C'est bien autre chose qui est en cause, se sont les valeurs de la République, de la Démocratie, de la liberté et dans cette liberté, la liberté individuelle, par delà les homosexuel(le)s, ce mouvement, ces manifs "anti mariage" sont une insulte à l'individu, à l'être humain...!..et qu'on passe à autre chose..la France devient  le 9e pays de l’Union européenne à le rendre légal après l’Espagne par exemple, pays très catholique, qui a autorisé cette union il y a maintenant huit années et 70 % de la population ibérique demeure favorable à cette égalité entre les hétérosexuels et les homosexuels ! Des mariages ont été célébrés depuis l'adoption de la loi sans que la civilisation ait été remise en cause de quelque façon que ce soit. L’Espagne est une grande démocratie après avoir pourtant vécu le fascisme et la guerre civile.Nous , ici nous
    faisons les choses à l'envers 
    Je te suis ----, L'autre est tout autre que cette graine de fichiste quelque soit sa confession religieuse  alors qu on ouvre la porte à des possibles qui se révèlent nettement plus bienveillants à notre égard. Lamour rien que lamour pour nous rassembler
    Et en plus, -last but not least- qu on se donne la capacité de profiter des moindres instants d'exception qui s'offrent à nous... Souvenons-nous. Lors du vote du PACS, Christine Boutin (la même qu’aujourd’hui) avait brandi sa Bible, jurer ses grands Dieux, annoncé la fin du monde civilisé parce qu’on allait autoriser deux personnes du même sexe à cohabiter officiellement et publiquement. Depuis le vote de la loi, le monde est meilleur pour les homosexuels et surtout pour les hétérosexuels qui à 90 % sont les pacsés dénoncés, hier, par la droite haineuse et homophobe. La France est toujours la France, plus grande et plus généreuse.
    L'assistance publique souffrira moins des incidences psychosomatiques d'un modèle parental homosexuel que de ces parents hétérosexuels  à la ramasse (loin du modèle catho rangé )que je croise souvent dans le cadre de la socialisation par les soins.Je me félicite d'avoir vécu cette victoire .
    Nadia

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  5. "The yes need the Gue-no to win against the no!"

    Irresponsable. ultime mépris fait aux partisans!

    ps: Boutin tenait le règlement intérieur de l'assemblée dans la main. Et oralement, elle incitait à se référer implicitement à la bible, dans son discours. Même à droite, on ne le sait pas forcément.

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  6. Je préfère vos arguments à vos indignations. Plus solides. Aussi n'y reviendrai-je pas, et répondrai-je plutôt à celui sous-jacent qui vous inspire depuis le début : l'égalité.
    Ah, cher Florent, L'EGALITE !
    En morale on peut croire à une évidence simple… et s'étonner, se scandaliser, que son interlocuteur ne la partage pas. En Droit, c'est peut être plus compliqué, mais on a des repères et des juges. L'égalité n'est pas l'uniformité. L'impôt sur le revenu n'est pas le même pour tous. Son taux est proportionné et même progressif, selon les ressources. L'égalité consiste à traiter pareillement ceux qui sont dans des situations identiques, mais à traiter différemment ceux qui sont dans situations différentes. Un hôpital doit soigner d'abord les urgences et les cas graves, ensuite seulement les autres
    Chacun peut postuler au permis de conduire, mais les candidats sans jambes sur une auto spéciale sans pédale à commande manuelle. Sans capacité génitrice, les homosexuel(le)s ont donc obtenu un mariage sans enfant à engagement réversible, le pacs (qui … finalement intéresse surtout les hétéros).
    Objection immédiate : handicapés pour procréer, ils ne sont pas les seuls dans cette situation. Pourquoi ne pourraient-ils pas adopter et recourir à des PMA, comme les couples hétéros handicapés par une stérilité ?
    Entendu, pour aimer des bébés, leur situation est identique donc… Mais pour les élever ? Je reprends, excusez, ma métaphore transport. Plus délicats que les autos, les avions de ligne exigent un pilote et un navigateur. Les passagers accepteraient-ils un couple de deux pilotes sans navigateur, si sympas et dévoués soient-ils. Les enfants à venir, qui affronteront au départ l'homophobie rémanente de leurs petits camarades dans les cours de récréation, les enfants à venir de tels couples jugeront-ils que leur situation et la conduite éducative identiques à celles des familles d'hétéros ? Faute d'expérimentation, on n'en sait fichtre rien. Les pays voisins ont commencé depuis trop peu de temps pour nous renseigner.
    On peut penser seulement, c'est beaucoup, que ça ne devrait pas être pire qu'un de ces innombrables parents unique ou zinzin ! On verra.
    Une crainte : que ma métaphore aérienne ne vous fasse sauter belle et bien sauter en l'air, et que redescendant vous ne me répondiez que le pilotage parental est une question de genre, pas de sexe. D'où une explication sous votre Filiation idéale.
    D.Br.

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