Hop là ! Vous avez vos papiers ? Qu'est-ce que ce travail ?
Encore un étranger. Ils viennent manger le pain des Français. Je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Ah non. Je n'aime pas les étrangers. Je répète, ils viennent manger le pain des Français.
Parce que, moi, je suis Français ! Et je suis fier d'être Français !
Mon nom à moi, je m'appelle Kulakstienski du côté de ma mère ; et Piazzano Banditti, du côté d'un copain à mon père.
Je n'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.
Dans le village où j'habite, on a un étranger. Quand on le voit passer, on dit, on dit, tiens, ça, là, ça - c'est l'étranger. Comme un objet. On n'a pas de respect. Comme on a du respect pour un être humain, on ne dit pas ça, là, non. On dirait - ce monsieur.
Quand sa femme passe, l'étrangère, baissant la tête, on dit Celle-ci, c'est l'étrangère. Ils viennent manger le pain des Français.
L'autre dimanche, à la messe de dix heures, j'avais été communié au café d'en face. L'étranger voulait me parler. Moi j'avais autres choses à faire, j'avais mon [ tiercé ] à faire, enfin... je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Enfin, du haut de mon grandeur, étant fonctionnaire, j'ai daigné l'écouter, cet imbécile. Il est étranger, forcément. Il m'a dit : Mais pensez-vous pas que vous êtes ridicule, à notre époque, de ne pas aimer les étrangers ? Réfléchissez, quand un chirurgien du Cap va opérer un coeur humain, que ça soit à Pékin, Stockholm, Moscou ou Washington , ils se prennent de la même manière - nous sommes tous égaux.
Je n'ai rien compris à ce qu'il voulait dire !. J'en ai conclu qu'il était bête. En effet, lorsque quelqu'un s'exprime, et que l'on ne comprend pas ce qu'il dit, c'est qu'il est bête. Et moi je ne peux pas être bête. Je suis douanier...
J'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.
Il m'a répondu : J'en ai ras-le-bol, moi. Votre pain, et votre France. Je m'en vais.
Il fout le camp. Il a pris sa femme, ses enfants, sa valise, il est monté sur un bateau, il est parti loin au-delà de la mer.
Et depuis ce jour-là, dans notre village, nous ne mangeons plus de pain. Il était boulanger !
Encore un étranger. Ils viennent manger le pain des Français. Je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Ah non. Je n'aime pas les étrangers. Je répète, ils viennent manger le pain des Français.
Parce que, moi, je suis Français ! Et je suis fier d'être Français !
Mon nom à moi, je m'appelle Kulakstienski du côté de ma mère ; et Piazzano Banditti, du côté d'un copain à mon père.
Je n'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.
Dans le village où j'habite, on a un étranger. Quand on le voit passer, on dit, on dit, tiens, ça, là, ça - c'est l'étranger. Comme un objet. On n'a pas de respect. Comme on a du respect pour un être humain, on ne dit pas ça, là, non. On dirait - ce monsieur.
Quand sa femme passe, l'étrangère, baissant la tête, on dit Celle-ci, c'est l'étrangère. Ils viennent manger le pain des Français.
L'autre dimanche, à la messe de dix heures, j'avais été communié au café d'en face. L'étranger voulait me parler. Moi j'avais autres choses à faire, j'avais mon [ tiercé ] à faire, enfin... je suis douanier. Je suis pas un imbécile. Enfin, du haut de mon grandeur, étant fonctionnaire, j'ai daigné l'écouter, cet imbécile. Il est étranger, forcément. Il m'a dit : Mais pensez-vous pas que vous êtes ridicule, à notre époque, de ne pas aimer les étrangers ? Réfléchissez, quand un chirurgien du Cap va opérer un coeur humain, que ça soit à Pékin, Stockholm, Moscou ou Washington , ils se prennent de la même manière - nous sommes tous égaux.
Je n'ai rien compris à ce qu'il voulait dire !. J'en ai conclu qu'il était bête. En effet, lorsque quelqu'un s'exprime, et que l'on ne comprend pas ce qu'il dit, c'est qu'il est bête. Et moi je ne peux pas être bête. Je suis douanier...
J'aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français.
Il m'a répondu : J'en ai ras-le-bol, moi. Votre pain, et votre France. Je m'en vais.
Il fout le camp. Il a pris sa femme, ses enfants, sa valise, il est monté sur un bateau, il est parti loin au-delà de la mer.
Et depuis ce jour-là, dans notre village, nous ne mangeons plus de pain. Il était boulanger !
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